En matière d’art, sa réputation mondiale est faite. Düsseldorf fut non seulement, en 1773, la première ville européenne à se doter d’une académie des beaux-arts dont l’excellence n’est plus à démontrer, mais elle compte aussi, parmi les citoyens illustres qui se sont établis dans ses murs, des artistes tels que Joseph Beuys et Gerhard Richter, ainsi que des photographes comme le couple Becher et Andreas Gursky. Elle accueille d’ailleurs tous les ans le Duesseldorf Photo Weekend, une manifestation qui rappelle combien l’Allemagne a contribué à faire que la photographie entre dans le monde de l’art contemporain.
La capitale du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’une des communes les plus riches du pays, résolument tournée vers l’art de vivre, la mode et la culture, n’est pas en reste non plus en termes de qualité de vie. Située sur la rive droite du Rhin, elle jouit, le long de 40 km de méandres, de la rive urbaine continue la plus étendue de tout le cours du fleuve. Mais ce n’est que depuis le détournement du trafic routier vers le Rhein-ufertunnel (le tunnel de bord de Rhin) et l’ouverture de la Rhein-uferpromenade (promenade sur le Rhin), qui fêtera son 25e anniversaire au printemps, que la ville s’est vraiment rapprochée de l’eau.
Bleu et vert, couleurs d’avenir
À pied ou à vélo, ce parcours vous invite à une grande balade ponctuée d’espaces de détente depuis le parlement régional jusqu’à Ehrenhof (la cour d’honneur du Kunstpalast), en passant par le théâtre Apollo (sous le pont Rheinknie), l’espace d’exposition d’art contemporain KIT – Kunst im Tunnel, puis les constructions emblématiques de la vieille ville qui se succèdent le long du Rhin. « Peu de grandes villes rhénanes bénéficient d’un front de fleuve aussi préservé, explique l’architecte suisse Niklaus Fritschi, qui a conçu l’aménagement de la Rheinuferpromenade avec ses confrères Benedikt Stahl et Günter Baum. Le fait que la circulation routière ait été déplacée vers le Rheinufertunnel a apporté une véritable bouffée d’air à la ville. Düsseldorf est de nouveau une cité fluviale et la qualité de vie de ses habitants est devenue prioritaire par rapport à l’automobile. »
Né à Saint-Gall en 1945, Niklaus Fritschi a étudié l’architecture avec l’Autrichien Hans Hollein à la Kunstakademie (Académie des beaux-arts) de Düsseldorf, ville à laquelle il est resté attaché après l’obtention de son diplôme dans les années 70 et où il a lui-même enseigné, à la Fach-hochschule (aujourd’hui, la Peter Behrens School of Arts). Avec son agence d’architecture et d’aménagement urbain Atelier Fritschi + Stahl, il travaille actuellement sur le concours de la Blaugrünen Ring (ceinture bleue et verte), l’un des projets urbanistiques majeurs de la capitale du Land pour les années à venir. La couleur bleue correspond au Rhin et à la Rheinuferpromenade. Le vert se matérialise quant à lui dans un réseau culturel et historique de parcs et de jardins dont on doit l’initiative au paysagiste Maximilian Friedrich Weyhe (1775-1846) au début du XIXe siècle et qui relie Ehrenhof, Hofgarten, Königsallee, Ständehauspark et Spee’scher Graben.
Les musées et sites culturels les plus importants de la ville tels que la salle de concert Tonhalle, le théâtre Deutsche Oper am Rhein, la Kunstakademie, la Künstlerverein (association d’artistes) Malkasten ou le théâtre D’haus (contraction de Düsseldorfer Schauspielhaus) sont situés directement sur ou à proximité de cette ceinture. De même que le complexe de magasins et de bureaux Kö-Bogen, nouvel étendard du Land conçu par Daniel Libeskind et inauguré en 2013, qui occupe désormais l’espace entre le Hofgarten et la Königsallee. « Le problème, c’est qu’actuellement ces parcs et jardins sont coupés les uns des autres par des axes routiers, confie Niklaus Fritschi. Le projet Blaugrüner Ring s’intéresse à la façon de rétablir une continuité, en particulier entre les institutions culturelles remarquables. Comment réduire de manière significative les désagréments qui découlent des aménagements de l’après-guerre en faveur du transport automobile ? C’est là tout l’enjeu de la réflexion sur la mobilité. »