Montpellier : L'Arbre blanc, une folie pour célébrer l'art de vivre méridional

Après Zaha Hadid, Jean Nouvel et Édouard François, c’est au tour de Sou Fujimoto, Manal Rachdi, Nicolas Laisné et Dimitri Roussel de livrer un projet signature à Montpellier. Un immeuble paradoxal en apparence mais qui s’inscrit en réalité dans l’art de vivre de la cité.

Un tronc hérissé de branchages métalliques immaculés… L’Arbre blanc, tout récemment livré à Montpellier, vient singulièrement enrichir le patrimoine architectural de la ville. Dessinée conjointement par Sou Fujimoto, Manal Rachdi (fondateur de l’agence OXO Architectes), Nicolas Laisné et Dimitri Roussel, cette tour est le fruit d’un workshop à huit mains qui a eu lieu à Tokyo au cœur de l’été 2013.

Ce défi technologique a été relevé haut la main par l’équipe d’architectes français rassemblée autour du Japonais Sou Fujimoto (au centre) : de gauche à droite, Manal Rachdi (OXO Architectes), Nicolas Laisné, Marie de France (partenaire de Sou Fujimoto dans l’Hexagone) et Dimitri Roussel.
Ce défi technologique a été relevé haut la main par l’équipe d’architectes français rassemblée autour du Japonais Sou Fujimoto (au centre) : de gauche à droite, Manal Rachdi (OXO Architectes), Nicolas Laisné, Marie de France (partenaire de Sou Fujimoto dans l’Hexagone) et Dimitri Roussel. Cyrille Weiner

Pour réinventer l’immeuble d’habitation, les architectes se sont concentrés sur la dimension humaine en créant des espaces publics aux deux extrémités du bâtiment : en bas, une galerie d’art et un restaurant qui donnent sur la rue et les rives du Lez, le cours d’eau qui le borde ; sur le toit séparé en deux zones, un bar accessible au public et un espace commun réservé aux résidents, afin que même ceux qui occupent les premiers étages puissent profiter de la vue extraordinaire sur la ville.

Chaque appartement a accès à l’extérieur avec les balcons constituant les branches de l’Arbre blanc.
Chaque appartement a accès à l’extérieur avec les balcons constituant les branches de l’Arbre blanc. Nicolas Laisné Architectes

Déjà amis avant ce projet, Manal Rachdi et Nicolas Laisné (avec Dimitri Roussel) ont décidé de s’associer lorsqu’ils ont entendu parler, en 2013, de la volonté de la municipalité de l’époque de bâtir une folie à grande échelle. Mais les consignes étaient claires : ils devaient s’associer à un confrère expérimenté… Ils ont alors décidé de solliciter le Japonais Sou Fujimoto. Ce qui fait la particularité du projet, c’est l’attention portée au contexte et à l’art de vivre local, qui ont guidé les architectes tout au long de l’élaboration. En effet, l’abondance de balcons et de pergolas offre un véritable « vivre dehors » aux habitants et engage un nouveau type de rapports entre eux.

L’Arbre blanc borde les rives du Lez.
L’Arbre blanc borde les rives du Lez. Nicolas Laisné Architectes

Chaque appartement est ainsi doté d’une surface extérieure d’au moins 10 m2 (32 m2 pour la plus vaste) dont la mise au point a nécessité une longue phase d’expérimentations, des tests en 3D ayant permis d’affiner les maquettes physiques. Avec ses espaces en porte à faux sur 7,5 mètres, l’Arbre blanc est une véritable prouesse technologique, une première mondiale pour ­s’adapter à une ville qui ­bénéficie de trois cents jours d’ensoleillement par an. Vanté pour son aspect technique, mais aussi formel, l’édifice a suscité l’engouement des professionnels de l’architecture comme du grand public depuis son inauguration en juin 2019. L’architecte Nicolas Laisné l’a lui-même confessé du bout des lèvres à nos confrères de La Tribune : « Il existe peu d’exemples de bâtiment de logements qui aient été ainsi encensés ».