Architecte, artiste et curatrice, Regina Galvanduque dirige depuis 2011 un studio à la croisée des disciplines… et des cultures ! Après avoir exporté la street-food mexicaine à New York, au sein du restaurant Antojeria Popular qu’elle a conçu en 2012 dans le quartier de Nolita, cette polyvalente trentenaire a réinterprété les codes des auberges nippones traditionnelles avec le Ryo Kan MX. Inauguré l’année dernière à Mexico, sa ville natale, l’établissement de 10 chambres incarne, à une échelle jusqu’ici inédite en Amérique latine, toutes les facettes de l’omotenashi (l’hospitalité à la japonaise).
Gouverné par la simplicité et l’harmonie des matières, le bâtiment rend hommage à l’art de vivre japonais dans toutes ses dimensions. Derrière une façade qui évoque les pliages de l’origami, le lobby conduit directement à un patio aux allures de jardin zen. Un atrium à ciel ouvert, où la végétation se conjugue à un plan d’eau et dialogue avec les finitions brutes des matériaux, notamment le travertin, qui habille les parois et une partie du mobilier, devant un petit salon encastré dans le sol et cadré par des étagères en chêne.
Au-dessus, une trame de cordages s’étire le long des deux étages supérieurs pour accentuer la verticalité du volume. Empruntée à l’univers nautique, la série de corde rappelle aussi « la répétition et la sensation d’infini perçues dans les forêts de bambous. » L’installation se décline ensuite en garde-corps devant les chambres, toutes différentes mais à chaque fois empreintes de tradition et de modernité, grâce à l’usage de la domotique via une application pour smartphone.
Pavées de tatamis, les chambres alternent entre des futons et des lits occidentaux pour éviter de déboussoler les voyageurs les moins aventureux. Les sommiers sont alors supportés par des structure cannelées, réalisées en fibre de bejuco, une plante grimpante locale, utilisée à des fins domestiques depuis l’époque des mayas. Plus contemporaines, les compositions géométriques de l’architecte jouent avec les textures de la pierre au mur, tandis que le terrazzo est à l’honneur dans les salles de bains.
Typiques des thermes japonais, quatre onsens invitent à la baignade et à la détente sur la terrasse du dernier étage, où un spa propose également des soins du corps et du visage. L’atmosphère sereine atteint alors son climax, à tel point qu’on en oublierait presque de savourer la vue sur le quartier, surnommé « Little Tokyo » depuis que Kenzo Tange y a bâti l’ambassade du Japon en 1976.
> Ryo Kan Mx. Rio Panuco 166, Cuauhtémoc, 06500 Mexico.