New York, c’est entendu, est une éternelle adolescente dont la croissance semble ne jamais s’achever. Elle monte toujours plus haut : la Central Park Tower, avec ses 472 mètres, damera le pion à tous les édifices d’Amérique d’ici à 2020. Elle se densifie sans cesse : sur les friches ferroviaires de West Side Yard, un énorme quartier de condos, commerces et bureaux baptisé Hudson Yards est en passe de voir le jour. Voilà pour les dernières folies d’architectes que Big Apple, toujours plus big, toujours changeante, nous promet.
Mais ces écrins de luxe, il faudra bien les aménager, les décorer, les meubler, les rendre vivables, en somme. Et ça tombe bien, car la scène du design bouillonne tous azimuts. Qu’il s’agisse de concevoir des objets d’exception ou d’imaginer d’extraordinaires intérieurs, les designers de New York coiffent au poteau le monde entier. « À quoi ressemble un appartement new-yorkais typique ? » s’interroge tout haut Patrick Parrish, marchand de design très respecté. « Immanquablement, chez les gens riches de moins de 60 ans, on trouve de précieux tapis marocains, des plantes grasses et quelques beaux meubles signés BDDW », répond-il lui-même avec une pointe d’ironie.
BDDW ? Derrière ces quatre consonnes que la haute société bohème ne prononce qu’avec délectation, il y a Tyler Hays, artisan-designer qui lança son activité en 1994 à Greenpoint, ancienne zone manufacturière de Brooklyn. Aujourd’hui délocalisé à Philadelphie, il produit toujours de sublimes enfilades tendues de cuir, des tables XL taillées dans l’érable (comptez 40 000 dollars pièce…), entre autres pièces luxueusement rustiques qu’on ne se lasse pas d’admirer dans son magasin de SoHo. Cette esthétique précieuse mais sans tapage traverse aussi les lieux que décorent Robin Standefer et Stephen Alesch, les têtes pensantes de l’agence Roman and Williams.