A l’occasion du centenaire de la naissance d’Achille Castiglioni (1918-2002), le musée de la Triennale de Milan consacre une vaste exposition monographique à ce précurseur du design contemporain. Sous l’égide de Patricia Urquiola (qui a collaboré sur ce projet avec la curatrice Federica Sala), toutes les créations de celui qui fut à la fois un grand architecte et un grand designer sont analysées de façon transversale : un regard cohérent qui va du bâti à l’objet et des installations temporaires (plus de 400 au compteur) aux expositions…
Ce parti pris permet de rendre plus vivante la complexité de l’œuvre de Castiglioni. Une dimension à laquelle était attachée Patricia Urquiola, qui a fait ses premiers pas dans le métier avec l’architecte avant de le suivre au Politecnico de Milan. Jusqu’à la fin de sa vie en 2002, elle est demeurée très proche du maestro. Imprégnée de cet héritage, elle en a conservé, entre autres, la capacité de toujours vouloir surprendre.
Pour raconter ce personnage atypique et intemporel que fut Achille Castiglioni, les deux cocuratrices ont voulu éviter l’approche chronologique ou schématique. L’exposition déroule donc vingt espaces en relation l’un avec l’autre, des microcosmes à découvrir sans parcours préétabli, des ambiances qui racontent son approche du design, de l’architecture et sa méthode de travail.
Achille Castiglioni est considéré comme un des pères fondateurs du design moderne et, au-delà, de tout l’éco-système du mobilier contemporain italien. Son héritage est cultivé par la Fondation milanaise qui porte son nom. Dans son ancien atelier dissimulé dans une cour verdoyante, une enfilade de cinq pièces réunit des espaces amples et lumineux. Une infinité d’objets s’y amoncellent : des notes collées aux murs, des rangées de dossiers bien alignés, des maquettes de meubles devenus cultes, des prototypes, des photos de famille ou d‘amis designers… Un endroit fabuleux où le regard exulte à chaque découverte et fait la joie des passionnés et étudiants qui affluent du monde entier.
La Fondation fait désormais partie intégrante de l’itinéraire culturel milanais. A la tête de ce projet, Giovanna Castiglioni, la fille cadette d’Achille et Irma Castiglioni. Aujourd’hui, elle se dédie à plein temps à la sauvegarde de ce patrimoine et à la protection de sa mémoire. Très vite, elle a tissé des liens étroits avec le musée de la Triennale qui appuie ce projet familial depuis 2005. Pari gagné, car en treize ans, la fondation a vu défiler 64 000 visiteurs.
L’exposition « A Castiglioni » relate et rend hommage à la carrière de soixante années de ce maestro et de ses frères Livio et Pier Giacomo, avec lesquels il a étroitement collaboré jusqu’en 1968. Ensemble, ils ont créé des lampes, assises… pour les grands éditeurs. Rééditées jusqu’à aujourd’hui, certaines de ces inventions intemporelles demeurent des best-sellers, comme les lampe Arco et Snoopy ou les chaînes hi-fi de Brionvega. Castiglioni possédait ce sens inné du rapport entre forme et fonction. Son approche à l’objet était simple et souvent teintée d’humour. Une méthode qui a fait école.
> Exposition « A Castiglioni », jusqu’au 20 janvier 2019 à la Triennale de Milan.