Les deux commissaires de l’exposition, Ilgin Deniz Akseloglu et Yann Perreau, ont choisi de poser deux questions identiques à chacun des onze artistes sélectionnés pour le projet : « Qu’est-ce qui caractérise selon vous le pays à l’heure actuelle et y a-t-il un travail que vous ne montreriez pas forcément là-bas mais que vous souhaiteriez afficher ici, à l’étranger ? » Le résultat, saisissant, nous transporte du ghetto d’Istanbul à Diyarbakir en passant par Trabzon et l’Anatolie centrale. L’ensemble des travaux permet de deviner les conflits latents, les risques encourus par les populations, mais aussi et surtout le désir de continuer à créer…
Les artistes, qu’ils soient journalistes, photographes ou bien intellectuels, ont tous en commun la volonté de poursuivre leur travail malgré la répression brutale de la révolte de Gezi il y a cinq ans, les emprisonnements et les interdictions d’exercer leur métier. Si la question politique demeure un enjeu central dans le choix des œuvres exposées, les problématiques environnementales y sont aussi abordées avec le travail de Sinem Disli, autour de la question de l’inégalité de la distribution de l’eau entre la Syrie, l’Irak et la Turquie.
La jeune photographe, née en 1982, rappelle la complexité de la construction des barrages sur l’Euphrate qui a entraîné des transformations dans les plaines sur-irriguées et surcultivées de la région. Parmi les travaux remarquables des artistes exposés de Kürsad Bayhan, Nemir Er, Korhan Karaoysal, Ali Kazma, Desislava Senay Martinova, Ali Taptik, Furkan Temir à Cengiz Tekin, on retiendra surtout le travail poignant intitulé « Control » de Çagdas Erdogan sur les mouvements de résistances sociales et celui de Cihan Demiral avec sa série en couleur « Le monde finira-t-il ce jour ? »
« Une colonne de fumée ». À la Maison des peintres. 43, boulevard Émile-Combes, 13200 Arles.