On peut regarder cette ville sous plusieurs angles. Depuis la mer, face à la Frontale du port, qui abrita le premier appartement témoin de Charlotte Perriand et fut si longtemps, pour la brutalité héroïque de son architecture moderniste, reniée par les Toulonnais.
On peut profiter d’une vue d’ensemble depuis le sommet du mont Faron : d’abord les toits, mi-haussmanniens mi-provençaux, puis la rade, scintillante, sillonnée de bateaux de plaisance autant que de navires de guerre. Mais la meilleure manière de découvrir le chef-lieu du Var est de s’enfoncer dans sa vieille ville, fraîche avec ses rues étroites et ses passages. Aujourd’hui, cette « grande discrète » regorge de talents, de millennials créatifs qui ont choisi cette cité attachante pour mettre en place des projets d’avant-garde.
Objet d’un plan de rénovation globale signé en 2006, ce cœur historique a recommencé à battre pour de bon à peu près au moment où Jean-Pierre Blanc, directeur de la Villa Noailles, décidait de descendre des hauteurs de Hyères pour lancer un premier Festival international d’architecture d’intérieur. Le deal : se poser dans des « friches » et changer d’adresse chaque été.
En 2016, les regards se braquaient sur un hôtel particulier du XVIIe en attente de restauration ; l’an dernier, on redécouvrait un mess d’officiers années 30 ; l’édition 2018 s’est installée dans un ancien évêché, endormi sur sa cour intérieure et tout à coup réveillé par les inventions des dix jeunes compétiteurs, l’univers de l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch, président du jury cette année, l’art du fleuriste Debeaulieu et les broderies échevelées de Lesage Intérieurs.