Alors que certains designers occupent frénétiquement l’espace, Benjamin Graindorge se fait très – trop – rare et l’on attendait de ses nouvelles depuis longtemps. Pour redécouvrir son corpus poétique, rendez-vous à Marseille où il expose jusqu’en janvier 2019 au château Borély, le musée habité de pièces d’arts décoratifs du XVIIIe siècle.
Ses créations s’y mêlent aux collections, engageant un dialogue entre leur essence très organique, évanescente, et les œuvres ultradécoratives du musée. « C’est d’ailleurs ce qui nous a intéressés dans le travail de Graindorge : cette “réinterprétation” des arts décoratifs, des matériaux et des savoir-faire traditionnels », rapporte Marie-Josée Linou, conservatrice du musée.
Il y a près de dix ans, Benjamin Graindorge rencontrait l’éditrice et galeriste Valérie Maltaverne, fondatrice de la galerie Ymer & Malta. Les créations du designer allaient trouver ici l’occasion de se matérialiser en un corpus rare traduit par la galeriste et son travail de fond avec des artisans français. Ensemble, ils produisent le canapé « SofaScape », composé de modules de cuir déclinés en différents camaïeus, créant un paysage domestique, ou le banc « fallenTree » qui s’achève sur les racines brutes d’un arbre et qui fut acquis il y a deux ans par le Centre Pompidou.
Parmi les 25 pièces présentées, la plupart avaient déjà été montrées à la Galerie nationale de la tapisserie, à Beauvais, en 2016. Mais l’exposition réserve quelques nouveautés, comme les lampes « edaLight » inspirées par celles de la collection « Akari », du Japonais Isamu Noguchi, et qui forment un réseau de points lumineux dissimulés sous des feuilles de métal et de papier.
Outre ces pièces qui ont trouvé leur place en regard des collections permanentes, Benjamin Graindorge a créé spécifiquement pour le musée une banque d’accueil située près du lustre de Mathieu Lehanneur, designer invité en 2013. Une commande qui s’inscrit dans la grande tradition des arts décoratifs français, tout en montrant que notre époque peut produire des pièces de haute facture terriblement contemporaines.
« Benjamin Graindorge, Ymer & Malta ». Au musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode, château Borély, à Marseille (VIIIe), jusqu’au 6 janvier 2019.