Que ce soit pour Kartell, Foscarini, Molteni, Moroso ou Poltrona Frau, Ferruccio Laviani mélange les styles et les époques avec une aisance déconcertante. Ses pièces revisitent volontiers le design et le mobilier des siècles passés en lui apportant une note de modernité souvent fantaisiste. Une approche récompensée d’un large succès commercial avec la lampe Bourgie (2004, Kartell), mais qui permet également au designer d’imaginer des pièces plus artisanales, aux frontières de l’art et de la sculpture, comme avec l’armoire Good Vibrations.
Edité par l’Italien Fratelli Boffi, ce meuble ressemble à première vue à une image déformée par la mauvaise réception d’une antenne TV. Une impression de flou et d’instabilité pourtant bien réelle, grâce à un jeu d’oscillations frénétiques qui rythment aléatoirement la surface de noyer. Intégralement sculptée, ciselée et gravée par une machine à commande numérique, sa silhouette s’éloigne ainsi de l’esthétique d’une pièce classique, alors même qu’elle puise ses origines dans la plus pure tradition d’ébénisterie de la Botte.
Un arbre et quelques références orientales se mêlent pour l’occasion à la symétrie et à la pureté d’un classicisme profondément bouleversé, mais suffisamment identifiable pour susciter « un sentiment de déjà-vu réconfortant » selon la maison d’édition italienne. Réputée dès 1928 pour ses reproductions des styles Louis XV et Louis XVI, celle-ci n’aurait pu trouver meilleur complice que Ferruccio Laviani, elle qui est constamment à la recherche « d’un designer capable de trouver un équilibre entre le passé et le futur, alliant l’harmonie et la magnitude du classique au charme et à l’attrait du contemporain ».
Une confrontation entre les époques dont le directeur artistique de Kartell s’est fait une spécialité. Pour Fratelli Boffi, avec les collections F* the classics (2012) ou D/vision (2017), mais aussi pour Veuve Clicquot ou encore Emmemobili qui produit depuis 2007 le buffet Evolution. Mariant le chêne et l’acier en même temps que des références anciennes et cubistes, ce dernier a d’ailleurs fait l’objet d’une exposition au dernier salon de Milan, avec les autres best-sellers de Ferruccio Laviani conçus pour la compagnie familiale. De quoi présager d’un bel avenir pour cette recette anachronique…