Vous avez grandi à Saint-Étienne. Cette ville vous a-t-elle nourri artistiquement ?
Quand j’étais enfant, Saint-Étienne était encore une ville minière noircie par le charbon. Il y avait de grands terrils et des montagnes inquiétantes qui m’ont inspiré un travail filmé en 1996. Il sera d’ailleurs montré dans l’exposition.
Cette exposition est aussi l’occasion de découvrir un cliché pris de vous dans la région stéphanoise en 1986…
Je suis revenu exprès, à l’époque, pour réaliser cette photo où l’on me voit en train d’essayer d’escalader un barrage gelé. J’avais dessiné un vêtement spécial pour cette ascension. C’est ma toute première œuvre.
Dans les années 90, vous vous intéressez au verre et n’avez plus cessé, depuis, d’explorer les possibilités de ce matériau…
Tout a commencé lors d’un voyage dans les îles Éoliennes, où se trouve l’un des rares volcans actifs d’Europe. Je cherchais du soufre et j’y ai finalement découvert un moyen de recréer de l’obsidienne, le verre volcanique naturel dans lequel a été sculptée, par exemple, ma série d’autoportraits « Invisibility Faces ».
« Sculpteur » est le terme qui vous décrit le mieux ?
Oui. Je réalise un travail sur l’espace, sur des œuvres autour desquelles on tourne. La sculpture est un monde très ouvert. On peut travailler l’infiniment grand et l’infiniment petit. En ce moment, j’ai envie de créer des objets plus grands, des architectures, pourquoi pas des maisons…
The Big Wave est une vague impressionnante réalisée avec des briques de verre. Où sont-elles fabriquées ?
Je travaille avec des souffleurs indiens rencontrés à Firozabad, dans la région du Taj Mahal. Peu à peu, la brique se substitue à la perle, que j’utilise depuis plus longtemps. Dix mille pièces ont été nécessaires à la construction de la vague. Cela représente six mois de soufflage.
Cette œuvre est assez sombre…
Cette vague a la couleur de la mer la nuit, à la fois fascinante et inquiétante. C’est un côté plus sombre de mon travail, en effet, mais qui appartient encore au registre du merveilleux. Comme la face obscure d’un conte de fées.
« Jean-Michel Othoniel – Face à l’obscurité ». Au musée d’Art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole, du 25 mai au 16 septembre.