Pascal Cuisinier est un spécialiste du mobilier du milieu du XXe siècle, qu’il défend avec une fervente conviction. Sa nouvelle exposition dévoile des pièces qui épousent l’esprit de l’Union des artistes modernes (UAM), fondée en 1929 par Robert Mallet-Stevens et qui deviendra, après 1949, Formes utiles. « Cette exposition était prévue depuis longtemps », explique cet ancien architecte et philosophe de l’art, qui a débuté aux Puces en 2006, « et cadre tout à fait avec la recherche que je mène à la galerie depuis son ouverture, et notamment avec ce que présente le Centre Pompidou jusqu’au 27 août. La plupart des pièces que nous présentons sont signées Alain Richard, Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq, Pierre Paulin… dit-il. Beaucoup d’entre eux étaient des disciples de membres éminents de l’UAM tels que Marcel Gascoin, Jacques Dumont ou René Gabriel. »
Ces héritiers créent du mobilier domestique (table de salle à manger, bureau, lampadaire…) qui abandonne la forme purement décorative pour se recentrer sur la fonction, la matière et la structure, qu’ils acceptent de montrer. « À l’époque, on appelait cela de la création de modèles en série, précise le galeriste. Aujourd’hui, on parle de design. » Si les années 50 penchent vers les matières low profile telles que le métal, l’acajou clair ou vernis et le bois de placage issu de l’ébénisterie traditionnelle, les années 60 se montrent plus précieuses avec du palissandre de Rio, du chrome…
« C’étaient des architectes dans l’âme, reprend Pascal Cuisinier, c’est-à-dire qu’ils pensaient les choses dans leur globalité et concevaient leur mobilier par rapport à l’habitat. C’était un courant très français. L’engouement pour ce mobilier a suscité de nombreuses copies, notamment aux États-Unis, principalement des pièces de Pierre Guariche. » Preuve d’un succès qui a dépassé nos frontières sans jamais être égalé…
« Les Héritiers de l’UAM ». À la Galerie Pascal Cuisinier, 13, rue de Seine, 75006 Paris, du 25 mai au 13 juillet. Tél. : 01 43 54 34 61.