Avec un total de 20 courts seulement, contre 24 à l’Open d’Australie, 32 à l’US Open et 41 à Wimbledon, Roland-Garros a dû se lancer dans un grand chantier de modernisation et d’agrandissement. Un projet débuté en 2015 et qui doit normalement s’achever en 2021. A mi-parcours de sa mue, le tournoi affiche déjà les premiers résultats de sa rénovation, conçus à plusieurs mains, avec Michel Corajoud au paysagisme, Chaix & Morel à l’architecture et l’agence W, en charge de la direction artistique ainsi que des aménagements intérieurs et temporaires.
Avant de disparaître au mois d’octobre 2014, Michel Corajoud a souhaité « associer la beauté du sport à la beauté des plantes ». Et si le plan directeur qu’il a élaboré n’est pas encore achevé, il est en bonne voie avec les terrasses paysagées du nouveau village. Destiné à accueillir les bureaux et les partenaires du tournoi, le bâtiment cherche à « respecter et renforcer l’identité du site, en gardant le coté “balade à la campagne” grâce à une architecture sobre et légère », explique Marion Brice, membre de Chaix & Morel et associés.
Enveloppé de verre et d’une résille métallique, l’ensemble apparaît comme une série de pavillons bas et épurés. A l’intérieur, entre une sculpture d’Arman et l’affiche 2018 signée de la peintre Fabienne Verdier, le grès cérame et le bambou accueillent les visiteurs privilégies sous une nuée de chapeaux Panama minutieusement agencée par l’équipe de W. Un mélange d’élégance et de matériaux naturels idéal pour incarner le tournoi et mener jusqu’à la « place du village », un large espace extérieur, cerné de terrasses réservées à chaque partenaire autour de trois pins parasol qui abritent une série de salons extérieurs.
Installés dans les fauteuils Acapulco (Sentou), les invités profitent d’une vue imprenable sur les nouveaux courts 7 et 9, ainsi que d’un passage qui mène directement au court central. L’occasion pour l’agence de stratégie et de communication de déployer tout son savoir-faire dans une muséographie bordée de boutiques, quand elles ne sont pas directement intégrées sous les récents gradins. Des structures désormais pérennes, également déclinées pour façonner les 2 200 places du court 18, tout juste inauguré au Fond des Princes, à la pointe du triangle historique qui borde le bois de Boulogne.
Après de longues polémiques et une interminable phase judiciaire, le site de Roland-Garros s’étend désormais jusqu’aux Serres d’Auteuil, conservées intactes depuis les premières esquisses du projet. Seule différence, elles jouxtent aujourd’hui des meulières intégralement restaurées par les architectes de l’Agence Goutal. Parés du même bleu céladon que l’architecture de verre édifiée en 1898, les anciens bâtiments de l’orangerie ont retrouvé tout leur éclat pour offrir des espaces de restauration supplémentaires. Disposés autour d’une salle de réception, les quatre salons possèdent en plus l’avantage de rythmer le parcours avec un charme raffiné qui s’apprête à guider les spectateurs jusqu’au futur court Simonne-Mathieu.
Baptisé en l’honneur de la championne des années 1930, également résistante durant l’occupation, le court imaginé par l’architecte Marc Mimram tend à se fondre dans le paysage grâce à quatre serres recouvertes d’écailles de verre qui encadrent et dissimulent les gradins. Une infrastructure sportive et paysagère dont l’achèvement est programmé au mois de juillet, avant une ouverture en 2019. La même année que les nouveaux gradins du court Philippe-Chatrier, bientôt équipés des mêmes fauteuils en contreplaqué de bouleau, qui viennent d’être installés sur le court Suzanne-Lenglen.
Avec leur structure renforcée, les prochains gradins du court central visent surtout à supporter le toit rétractable tant attendu. Composée d’onze voiles d’acier et de toile translucide, cette prouesse d’ingénierie devrait se déployer en seulement douze minutes. Un temps record, évitant l’interruption des matchs contrairement aux dispositifs déjà utilisés par les autres tournois du Grand Chelem. Installée en 2020, la structure amovible précédera d’un an la fin définitive des travaux, marquée par l’agrandissement de la place des Mousquetaires. Un nouvel espace publique qui remplacera l’actuel court numéro 1, compensé par la présence de quinze courts supplémentaires.