En pleine effervescence du Salone del Mobile, la rédaction d’IDEAT a eu la chance de rencontrer Oki Sato, qui dirige le studio Nendo. Durant une semaine milanaise frénétique, le designer japonais présentait une exposition magistrale, ainsi que des produits chez Minotti, Swarovski, Alias… et Fritz Hansen. Pour le mythique éditeur danois, il a conçu une chaise qui marie une assise et un dossier en contreplaqué verni à une structure complexe en bois massif. Un puzzle de 23 pièces que le designer décrypte en exclusivité pour IDEAT.
Comment avez-vous décidé de travailler sur cette chaise pour Fritz Hansen ?
Oki Sato : Lors du Salon de Milan 2016, j’avais monté une grande exposition avec COS baptisée « Fifty manga chairs ». Le soir de l’inauguration, je suis sorti complètement crevé de cette journée et je me suis assis dans un bar pour prendre un café. Un homme s’est approché de moi et a commencé à me parler. C’était Christian Andresen, le directeur du design de Fritz Hansen. Il m’a dit : « Vous venez de dessiner 50 chaises, pourquoi ne pas en faire une 51e ? » J’ai répondu : « Pourquoi pas ? » et c’est ainsi que le projet a commencé… Je me suis ensuite rendu tous les deux mois à Copenhague afin de mettre au point le projet, discuter des process, élaborer les prototypes…
Quel était le brief de départ ?
Christian m’a dit que Fritz Hansen voulait développer une chaise entièrement en bois… Ils ont néanmoins attendu que je livre les premiers prototypes pour me prévenir que ce serait la première assise entièrement en bois du catalogue depuis la Grand Prix d’Arne Jacobsen (1955) ! Heureusement qu’on ne me l’a pas dit d’emblée, cela aurait été beaucoup de pression pour moi…
Est-ce difficile d’apporter quelque chose de nouveau à la chaise en bois ?
Oui, très difficile, surtout quand on essaie de créer une chaise pour Fritz Hansen…Je voulais utiliser du contreplaqué et le mélanger avec du massif. Généralement, ce mariage aboutit à des joints très épais et disgracieux. J’ai donc créé une chaise où les accoudoirs servent à répartir la pression du corps sur le dossier, ce qui donne un résultat beaucoup plus léger visuellement. C’était le point de départ du projet et c’est aussi ce qui fait toute son originalité.
Avec cette chaise, avez-vous voulu souligner les nombreux points communs entre les design japonais et scandinave ?
J’ai essayé de ne pas trop y penser car en effet, il y a beaucoup de similarités entre nos design, nous parlons le même langage. Depuis le premier jour, cela a fait partie des choses sous-jacentes à mon travail avec Fritz Hansen. Cette chaise n’utilise en tout que 4 ou 5 vis et un minimum de colle, ce qui renforce sa longévité. Pour dessiner la N01, j’ai pensé comme un architecte japonais traditionnel : trouver des astuces d’assemblage pour les pièces de bois, ce qui crée de la souplesse et de la résistance dans la structure de la chaise.
La N01 est disponible dans les magasins et les revendeurs Fritz Hansen à partir de 611 €.