Dans une lumière pure et transparente, le paysage de Sicile se déploie à l’infini, avec la mer pour horizon. Les domaines agricoles alternent amandiers, oliviers, agrumes et essences du maquis à perte de vue. Le lieu est puissant ; ici et aux alentours, tout est resté intact, protégé par la réserve naturelle de Vendicari toute proche, où les oiseaux sont de passage par milliers. Attirés par cet endroit hors du temps, Marco Merendi et Cristina Paciello y passaient leurs vacances en famille.
Lors d’une balade, ils remarquent un promontoire ; Cristina, curieuse par nature, décide de partir seule explorer les environs. Enthousiaste, elle se met à la recherche du propriétaire du terrain. Et surprise ! Quelques jours plus tard, ils repartent pour Milan, un contrat de vente en poche. Pas question d’attendre, le couple se lance tout de suite dans le projet de la maison avec un objectif principal : l’esprit contemporain doit cohabiter avec l’environnement, respecter l’endroit. Ce désir de compromis a engendré d’interminables réflexions, et finalement c’est la pierre de Sicile qui, complice, a joué le plus grand rôle. Et l’envie d’inaugurer la villa avec leurs deux enfants était tellement grande que leurs premières vacances sur place ont pris des airs de camping : ni les fenêtres ni l’électricité n’étaient installées. Mais finalement tout le monde était ravi !
Entourée de végétation locale, avec ses lentisques centenaires et ses figuiers de Barbarie, placée au sommet d’une colline, la bâtisse occupe une position dominante. « C’est une longue boîte en verre, une sorte d’aquarium qui nous permet de vivre la Sicile et ses saisons dans un face-à-face permanent. En hiver, la lumière rasante efface les limites entre intérieur et extérieur ; en été, c’est un éternel jeu d’ombres portées et une présence constante des parfums, des couleurs », évoque l’architecte. L’entrée se fait côté nord, par un passage à travers un imposant mur en pierres apparentes. Comme un long filtre, elle garantit une zone d’ombre et de fraîcheur pour créer ensuite la surprise. Car, lorsqu’on pénètre dans la pièce à vivre, d’emblée, le paysage se dévoile : le regard file le long de la colline, puis vers la mer, à l’infini.
Tout le long des baies vitrées courent des pare-soleil mobiles pouvant être encastrés. Ils ont maintes fonctions : pendant l’hiver, ils abritent du vent et du froid et, à la belle saison, ils permettent une parfaite ventilation, jouant le rôle de système d’aération. « Je considère ces pare-soleil comme une deuxième peau qui enveloppe et protège la maison. Ils sont devenus indispensables ; ils tamisent la forte lumière en créant des jeux d’ombre qui ne cessent d’évoluer, et il s’en dégage une atmosphère fascinante », affirme Marco Merendi.
Dans ses réalisations, l’architecte recherche l’unicité des matériaux. Ici, il a utilisé la pierre locale, en dialogue permanent avec le ciment qui se patine avec le temps. Très présente également, la pierre de lave de l’Etna tout proche a été utilisée pour la cheminée et autour de la piscine. La pièce à vivre privilégie l’espace, et le bloc de la cheminée centrale donne le ton.
À l’extrémité, le séjour s’articule selon les envies et les heures sur un fond de pierre brute. Distribuée à l’arrière de la maison, la partie nuit se pare de blanc et d’une calme lumière venant du nord. La cuisine se fait très discrète et disparaît une fois sa fonction remplie, un îlot y enfermant une table coulissante qui fait office de coin repas.
Dans une continuité fluide, sans barrières, le patio couvert abrite la salle à manger et la cuisine d’été, et se prolonge vers la terrasse ensoleillée à la limite des champs. Partiellement isolée par un portique, la piscine ouvre sur le paysage. Ici, il fait bon se poser, ou bien partager la Sicile entre amis. Cristina et Marco Merendi, épris de cette magie, y accourent dès qu’ils le peuvent.