Ce projet s’appelle Connected House (Maison connectée). Pourquoi ?
Brendan MacFarlane : Pour plusieurs raisons. D’abord, c’est la première fois qu’un client nous demande un équipement domotique aussi complet, ce qui nous a conduits à travailler en amont avec un bureau d’études spécialisé.
Dominique Jakob : Ensuite, cette maison est reliée à son contexte urbain : des villas des années 30, de style moderniste, blanches comme elle.
B.M. : Le troisième point est la connexion qui existe entre la maison neuve et un ancien bâtiment qui sert aujourd’hui à héberger les invités. Celle-ci se fait par un souterrain où ont été installés une piscine, un cinéma, une salle de sport et une cave à vin, que l’on aperçoit du jardin, à travers des verrières.
En quoi la domotique améliore-t-elle la qualité de vie à l’intérieur de cette maison ?
D.J. : On peut contrôler à distance son environnement domestique à partir d’une simple tablette. C’est une grande maison qui fait presque 800 m2 au sol. La domotique évite beaucoup de déplacements inutiles, que ce soit pour fermer tous les volets en même temps ou pour arrêter la musique quand elle est diffusée dans une autre pièce. Tout l’éclairage est également connecté. Même la lumière de l’aquarium dans la salle à manger se contrôle à distance. La table de cuisson et la hotte aspirante dans la cuisine aussi. Et quand on est absent, on peut continuer à garder un œil sur toutes ces fonctions.
Cette connectivité a-t-elle eu une influence sur son architecture ?
D.J. : Je ne pense pas. C’est un outil qui ne modifie pas la manière d’habiter mais, au contraire, s’adapte au quotidien, au style de vie actuel.
B.M. : Je ne suis pas tout à fait d’accord… Sur le plan esthétique, le langage de notre projet évoque quelque chose de matriciel, lié aux nouvelles technologies et au numérique.
Vos plans évoquent aussi la forme d’un arbre…
D.J. : Oui, car il y en a beaucoup autour. Nous avons donc choisi ce dessin particulier, qui se matérialise par un exosquelette en acier séparé de la façade intérieure. Cette armature soutient les différents plateaux de la structure, ce qui permet de libérer l’espace et de placer des cloisons où l’on veut, parce qu’il n’y a pas besoin de murs porteurs. Elle crée une sorte de cocon qui isole de l’extérieur, un peu comme s’il s’agissait de branchages.
B.M. : En plus, grâce à ce principe, les clients pourront remodeler l’architecture intérieure de leur maison s’ils le jugent un jour nécessaire.
Quel sentiment cette architecture provoque-t-elle quand on est à l’intérieur ?
D.J. : Elle permet de se déconnecter de l’environnement urbain. C’est comme si on décollait du sol. On a vraiment l’impression de vivre dans un nid, entouré d’autres arbres. Cette maison aux portes de Paris donne le sentiment d’évoluer dans un paysage de campagne.
B.M. : Si on l’habite différemment, c’est aussi parce que le regard va dans toutes les directions. On n’est pas orienté seulement vers le sud ou l’est mais vers tous les points cardinaux. De l’intérieur, la perception de l’espace est conditionnée par toutes les ouvertures qui appellent le regard de façon originale. On ne vit pas avec une seule vue en face de soi, comme c’est souvent le cas dans une maison classique.
Aviez-vous déjà créé des maisons de ce type ?
D.J. : Nous avons travaillé, à la fin des années 90, à l’extension d’un pavillon de banlieue, la Maison T. Cette imbrication de volumes, créant des interstices qui permettent à la lumière de pénétrer de différents endroits, rappelle un peu la Maison connectée.
Comment y circule-t-on ?
D.J. : Un grand escalier, que j’appelle le « noyau dur de la maison », dessert tous les étages, du sous-sol au toit. Il articule les différentes fonctions du bâtiment : la cuisine au rez-de-chaussée, le salon et les chambres dans les étages et une kitchenette sur le toit-terrasse, pour faire des barbecues. Cet escalier est d’ailleurs habité lui-même par des fonctions : il sert d’étagère, d’aquarium, de cheminée, de placard, de cave à vin… Il participe donc pleinement à l’aménagement des espaces.