Née au cœur de Milan en 1913, la maison Prada entretient forcément une relation passionnelle au design et à l’architecture. Elle collabore régulièrement avec des grands noms de ces disciplines, que ce soit Rem Koolhaas pour sa Fondation ouverte en 2015 ou Herzog & de Meuron pour sa boutique tokyoïte d’Aoyama (2003).
Ces trois architectes accompagnés de trois designers, les frères Bouroullec et Konstantin Grcic, ont été conviés à prendre part à la collection homme automne-hiver 2018-2019 que la marque a dévoilée ce dimanche 14 janvier.
Leur mission ? Interpréter le nylon noir, matériau au cœur des collections maison depuis de nombreuses années à travers un vêtement ou un accessoire. Et le faire dans le cadre à l’esprit très industriel de la dernière collection pour hommes…
Dimanche soir, les quatre créateurs conviés étaient donc présents à la Prada Warehouse de Milan, que la griffe investissait pour la première fois pour un défilé. Ces entrepôts, qui servent habituellement à conserver les œuvres d’art acquises par la fondation, ont été convertis par Rem Koolhaas et son agence OMA en lieu onirique célébrant l’identité de la maison à travers des pièces iconiques et de fausses caisses en bois habillées de logos fantaisistes. L’aspect industriel était présent dans le catwalk et les caisses en tôle.
Très sobre et rectiligne, la collection présentée dimanche a permis de mettre en valeur les quatre créations des guest-stars. Herzog & de Meuron ont travaillé la thématique du désenchantement du langage à l’heure des fake news et de l’infobésité et ont conçu une veste-gilet baptisé « Language Restraint » (obstacle linguistique en VF) ornée d’images et de typographies.
L’Allemand Konstantin Grcic s’est lui inspiré du gilet de pêcheur de l’artiste Joseph Beuys (1921-1986) pour donner naissance à un sac qui se porte à la taille.
Partenaire de longue date de la maison milanaise, Rem Koolhaas a lui conçu un « sac à ventre » organisé de façon géométrique pour y loger tous les objets de la vie nomade numérique (ordinateurs, batteries…). Un accessoire au final plus proche du gilet pare-balles que du sac…
L’objet le plus réussi de cette collection « Invites » est sans surprise l’œuvre de Ronan et Erwan Bouroullec. Les Parisiens sont partis du carton à dessins, accessoire inséparable des étudiants en art et autres créatifs. Ils ont métamorphosé cette typologie en mêlant le cuir au nylon noir et sont parvenus à en faire un vrai objet de mode.