OGR pour Officine Grandi Riparazioni (Ateliers des Grandes Réparations). Nous sommes à la fin du XIXe siècle à Turin et les OGR sont alors l’un des plus importants exemples d’architecture industrielle de l’Italie nouvellement unifiée : 35 000 m2 dédiés à la réparation des trains. L’activité perdure tant bien que mal jusque dans les années 90 où il est désaffecté avant d’être remanié en profondeur. L’édifice H, son bâtiment le plus imposant, s’étend sur une surface de 20 000 m2 pour une hauteur de 16 mètres. C’est cette cathédrale de l’histoire industrielle de la ville qui vient juste de rouvrir au public…
Sans surprise, les travaux de réhabilitation d’un tel édifice avancent des chiffres impressionnants : 1 000 jours de chantier et un budget total de 100 millions d’euros. Giovanni Quaglia, président des OGR, évoque « le défi le plus extraordinaire des vingt-cinq dernières années de l’histoire de la Fondation CRT (le propriétaire du site, NDLR) ». Considérés comme des témoins vibrants de l’histoire industrielle turinoise, les lieux veulent se transformer en « un nouveau moteur pour le développement du territoire », ambitionne Massimo Lapucci, son directeur général.
Le défi plus important concernait la sauvegarde des grands volumes architecturaux. D’une part, il était impératif de respecter les contraintes liées au caractère historique des lieux ; de l’autre, il a fallu composer avec l’état d’abandon du site tout en prévoyant un chantier en phase avec les nouvelles normes écologiques. La toiture a été complètement repensée : pour combler les problèmes de la ferme de la charpente et ses entretoises en fer, les 8 000 nœuds structurels ont exigé une restauration en bonne et due forme. Plus de 800 tonnes d’acier ont été nécessaires à cette intervention…
Il faut dire que les OGR s’inscrivent dans un plan d’urbanisme précis : l’axe nord-sud, à côté de la nouvelle gare à haute vitesse de Porta Susa. D’ailleurs, deux nouvelles places publiques ont vu le jour : la Corte Est constitue le terrain de jeux de l’installation de William Kentridge « Procession of Reparationists » et la Corte Ovest, où se trouvait l’ancien réservoir d’eau. Quant aux espaces intérieurs, ils se divisent en trois : les Officine Nord sont dédiés à l’art contemporain et à la culture, avec une riche programmation d’expositions, concerts et spectacles. Leur cœur est le « Duomo », une salle de presque 20 mètres sous plafond où les trains étaient positionnés à la verticale pour être réparés. Les Officine Sud, quant à eux, ont été transformés en incubateur de start-ups (à partir de 2018) alors que le Snodo (sorte de transept entre les deux ateliers) accueillera des restaurants, qui mettront à l’honneur la cuisine piémontaise.
OGR Torino. Corso Castefilardo, 22.
Exposition en cours : Come una falena alla fiamma (Like a Moth to a Flame) – 2 spazi, 54 artisti, 1 nascita, 1 anniversario (jusqu’au 14 janvier 2018). En collaboration avec la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo. 5 €.