Le designer de ce projet pourrait signer « Gilles l’Espiègle » car son idée est aussi culottée que paradoxale. Au départ, le principe de l’Empty Shop d’OXFAM est d’ouvrir un lieu où ce sont les dons en marchandises des gens qui vont chaque jour l’achalander. Je donne mon blouson vintage et le magasin se remplit.
Le bénéfice des ventes sert ensuite à financer des projets sociaux dans le monde entier. Quoique à Bruxelles, le principe est un peu différent… Les donneurs sont en majorité des créateurs belges branchés ou des labels pour lesquels plus d’un fashionista se damnerait. Pourquoi au fond, que l’on soit créateur ou particulier, ne pas donner les choses plutôt que de les stocker ?
Là où le designer s’en mêle, c’est dans l’aspect immatériel de l’affaire. Pour vendre un vêtement haut de gamme aujourd’hui, tous les labels internationaux cherchent à faire du passage de leur clients en boutique, une mémorable expérience. Même quand on achète dans un vide-grenier ou sur un stand des Puces, on préfère se souvenir au moins d’un(-e) vendeur(-euse) sympathique. Donc action ! Le designer bénévole a mis de l’or dans le projet pour faire sinon rêver les fans de mode.
Pour qu’une virée à l’Empty Shop aille de soi, il a fallu innover. Le résultat est probant, au sens où on aurait pu l’intégrer dans notre sujet sur l’or des boutiques à New York. Le designer Alain Gilles est parti chercher ses matériaux dans les ateliers de tri d’OXFAM Belgique. Ils lui ont donné l’idée de souligner leur importance. Une machine entonnoir suggère par exemple le passage des vêtements au tamis de la sélection permanente. Quelqu’un se sépare d’un vêtement, avant qu’un autre ne lui donne une nouvelle vie. D’où le nom de Fabrica del Valore donné à la scénographie. En italien, c’est aussi une analogie à la Fabrica del Vapore, un des lieux d’exposition les plus courus de Milan.
Au-dessus de l’entonnoir, des plantes dorées s’amoncellent. Elles suggèrent le foisonnement naturel de ces récoltes d’objets et « l’aspect écologique du recyclage et du tri » précise le designer Alain Gilles. L’alignement de plantes suit le tracé délimité par de vrais rails de stockage de tri utilisés chez OXFAM. L’ensemble donne l’impression d’une chaîne de montage d’où sortirait des vêtement mode. Comme si cette production de valeur soulignait fortement qu’il y avait d’autres manières de consommer.
The Empty Shop for OXFAM. 90, rue Antoine Dansaert, Bruxelles.
Jusqu’au 16 novembre.