Né en 1897, en Allemagne, Albert Renger-Patzsch arrête ses études de chimie pour se consacrer à la photographie dès 1921. Très rapidement, il s’interroge sur les composantes réalistes de la discipline avec ses potentialités artistiques et poétiques. En 1928, il pose, dans la revue Das Kunstblatt, les bases de la Nouvelle Objectivité : « Il y a un besoin urgent d’examiner les manières de penser anciennes et d’observer les choses d’un point de vue nouveau. On doit éprouver une joie plus intense à regarder un objet, et le photographe doit devenir pleinement conscient de la splendide fidélité de reproduction grâce aux possibilités techniques. »
Avant cela, en 1923, il avait écrit son premier texte sur les extraordinaires capacités du médium à représenter la nature avec de sublimes gros plans d’orchidées. Les principes fondamentaux qui guideront ses créations sont définis. Réalisme, objectivité et neutralité s’imposent. L’essor de l’industrialisation, avec son développement de produits standardisés et de série, fascine le photographe qui immortalisera en 1928 ces Fers à repasser pour la fabrication des chaussures, de toute beauté dans leur représentation frontale.
Son ouvrage le plus célèbre, Die Welt ist schön (« le monde est beau »), sorti en 1928, apparaît alors comme une sorte de manifeste entre héritage historique et modernité. Les paysages réalisés dans la Ruhr illustrent particulièrement le contraste entre territoire rural et grands complexes industriels, entre ville et périphérie. Et révèlent au passage la posture ambivalente de Renger-Patzsch face à la mutation à l’œuvre.
« Albert Renger-Patzsch. Les choses ». Au Jeu de paume, à Paris (VIIIe), du 17 octobre au 21 janvier 2018.