Lorsqu’on prépare sa visite à Fitzroy en s’aidant d’un plan interactif en ligne – Google Maps pour ne pas le nommer – on est plutôt étonné par le nombre d’hôtels qui ponctuent le quartier. En fait, il n’en est rien : leur statut n’est que le souvenir d’un temps passé, celui où les pubs prétextaient la présence de chambres dans les étages pour continuer à servir de l’alcool après l’heure de fermeture des débits de boisson.
Un usage qui va se développer durant la deuxième moitié du XIXe siècle tandis que Fitzroy troque ses airs bourgeois pour devenir le point de chute des ouvriers intégrant les usines avoisinantes fraîchement installées. Ce n’est que dans les années 80 du siècle suivant que Fitzroy connaît un regain d’intérêt en mutant d’un quartier devenu très pauvre et où l’underground avait trouvé ses marques – les graffitis en sont des vestiges – en une destination très branchée.
Aujourd’hui, plus de pubs with rooms à Fitzroy – Airbnb marche fort dans le quartier – mais une multitude de cafés, de bars, de restaurants et de boutiques de design en tout genre… qui servent de repaires à une clientèle en quête d’adresses dans l’air du temps. Les usines ont, elles aussi, disparu, tandis que les locaux industriels se sont souvent transformés en lofts d’habitation quand ils n’abritent pas des activités commerciales très ciblées.
Première en ligne de mire et collant désormais à l’image du quartier, voire, plus largement, à celle de Melbourne, la micro-torréfaction de café associée à la distribution de marques locales. Pour qui veut devenir barista, expert en café ou, plus simplement, en savoir un peu plus sur les usages de la boisson chaude, direction Fitzroy, où les coffee-shops voisinent à touche-touche. Certains vont même jusqu’à disposer dans leur espace d’accueil un labo de torréfaction afin de jouer la carte de la transparence. On vient y boire un espresso à toute heure, dévorer un brunch à la mi-journée, mais aussi s’approvisionner en grains ou encore suivre une formation pour maîtriser chez soi l’art de la mouture et du bon dosage. Le tout dans une ambiance plutôt bon enfant qui sied bien à l’état d’esprit originel de Fitzroy.
Forcément, cette éclosion de points de restauration a drainé une multitude d’activités de niche qui vont de pair avec cette « néocoolitude » très orientée hipster attitude : ateliers de cycles, galeries de design vintage, bars à cocktails, caves à vin, tables de chefs, marchés de produits artisanaux, barbiers, salons de tatouage… La marque de cosmétiques Aesop, désormais implantée dans le monde entier et qui a fait de l’architecture sa signature marketing, était pionnière dans le renouveau du quartier. Elle y a non seulement ouvert l’un de ses premiers points de vente mais encore installé son siège avant même que le territoire ne devienne à la mode. Des éditeurs de design ont rallié la dynamique en faisant de Johnston Street le spot pour les amateurs de mobilier et d’objets récents, tandis que les galeries vintage ont plutôt opté pour les espaces disponibles dans Smith Street.
Il n’est, à dire vrai, pas très compliqué de se repérer dans Fitzroy dès lors que l’on en a bien situé les frontières. Le quartier se déploie sur un territoire rectangulaire plus ou moins borné par Gertrude Street au sud, Johnston Street au nord, Smith Street à l’est et Brunswick Street à l’ouest. Cela concerne surtout les principaux axes de shopping et de restauration. Il ne faut, bien sûr, pas hésiter à s’écarter de ces sentiers hautement battus pour s’aventurer dans les ruelles adjacentes afin de dénicher la nouvelle adresse à la mode, le coffee-shop Industry Beans, par exemple.
Ou bien encore déborder sur le quartier voisin, Collingwood, qui s’affiche aujourd’hui comme une extension naturelle de Fitzroy. Car la spéculation immobilière va bon train dans le secteur et il ne reste plus beaucoup d’entrepôts vacants. Pourtant, au cœur du périmètre de Fitzroy, le calme et la tranquillité sont toujours de rigueur : la plupart des maisonnettes datant du premier âge d’or du quartier, lors de la première moitié du XIXe siècle, persistent et leurs chanceux occupants peuvent ainsi bénéficier, dans ce qui fait désormais partie intégrante du centre-ville de Melbourne, d’un bout de jardin et d’une terrasse.
Y aller
Deux vols quotidiens avec Etihad assurent la liaison entre Paris et Melbourne (avec escale à Abu Dhabi).
Etihad.com