Vous avez présenté vos pavillons durant la FIAC 2017. Pourquoi avoir choisi le jardin des Tuileries pour exposer ces œuvres ?
C’est très émouvant de parler de ce projet mené avec Jean Nouvel, à quelques mètres de la pyramide du Louvre, œuvre de l’architecte Ieoh Ming Pei, qui a réalisé avec ses fils l’un de mes tout premiers projets. Ils ont dessiné ensemble le Centurion en 2008 et 2009, un condominium tout en verre dans le sud de Central Park.
Dès le début de votre carrière, vous avez fait appel à des starchitectes…
Oui, j’ai travaillé avec une douzaine de Prix Pritzker parmi lesquels Rem Koolhaas, Ieoh Ming Pei, Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Paulo Mendes da Rocha, Zaha Hadid et bien d’autres. Je suis obsédé par l’architecture !
Qu’est-ce qui vous intéresse dans l’architecture contemporaine ?
C’est l’idée de pouvoir hisser la maison préfabriquée à un niveau plus juste, plus en adéquation avec notre époque. Nous montons en deux jours des maisons qui ont nécessité deux mois de fabrication et peuvent être transportées et assemblées partout dans le monde. Et nous les proposons à un prix correct : quelques centaines de milliers de dollars ! Je ne veux pas travailler uniquement pour une clientèle nantie. D’ailleurs, mes clients sont aussi des pouvoirs publics et des développeurs. En Asie, je viens de construire un millier de maisons préfabriquées d’agrément en bord de mer. J’ai aussi des commandes importantes qui me parviennent du Moyen-Orient. Mon prochain projet, ce sont des hôtels préfabriqués, livrés clés en main. Et, pour les plus fortunés, j’ai imaginé des pavillons préfabriqués dessinés par des designers et des architectes…
Une collection qui va dans l’effacement des frontières entre art, architecture et design. Vous inscrivez-vous dans cette tendance ?
Comme beaucoup de gens de ma génération, je suis passionné par ces trois disciplines. Grâce à mon métier de promoteur, j’essaie de les combiner à travers mes pavillons en série limitée. Une volonté que je viens de matérialiser avec le premier musée préfabriqué développé par Christian de Portzamparc. Notre « reproducible museum » est un espace muséal doté de plusieurs éléments qui peuvent être combinés pour s’adapter au site et à l’accrochage. Je développe à titre personnel le premier de ces espaces dans la province de Batangas, à une heure de Manille. Il va ouvrir ce mois-ci.
Outre le prix, quelle est la différence fondamentale entre les pavillons et les maisons ?
Les pavillons ne sont pas forcément utilitaires. Je dirais que les maisons répondent à un besoin et les pavillons à un rêve, comme le pavillon de thé ou celui de méditation. Pour les imaginer, j’ai fait appel à des personnalités que j’ai sorties de leur zone de confort : Ron Arad ou Lenny Kravitz, dont ce sont les premières réalisations.
Comment se passe la genèse de ces pavillons ?
Je réfléchis d’abord à un usage. J’ai, par exemple, commandé à feu Zaha Hadid un pavillon pour dîner, un autre à l’agence Gluckman Tang pour exposer de l’art. L’agence de Jürgen Mayer a imaginé un lieu où méditer, tandis que Michael Maltzan a dessiné un pavillon de plage, et Sou Fujimoto, un espace multifonction.
Quel est le rôle de la technologie dans vos projets ?
Il est essentiel ! Imaginez la technologie qu’il a fallu développer pour construire une maison en deux mois. Je fais travailler l’architecte et les ingénieurs parallèlement. Ainsi la maison de verre modulable, inspirée de celle de Philip Johnson (construite en 1949, NDLR), a-t-elle été développée dans des usines ultratechnologiques. J’utilise aussi la technologie comme force de vente puisque toutes les commandes se font sur Internet. Je passe beaucoup de temps à sourcer et rencontrer des fabricants du monde entier qui travaillent le verre, le bois ou l’acier. Soit environ 300 professionnels sur lesquels je m’appuie en fonction de leurs savoir-faire et du rapport qualité-prix de leur production.
Comment livrez-vous ces bâtiments ?
Nous les transportons par conteneurs et par camion. Les maisons ont, bien sûr, besoin de permis de construire, car elles sont équipées et doivent être raccordées aux réseaux d’eau et d’électricité, mais pas les pavillons, qui peuvent être simplement posés par nos équipes.