L’annonce avait fait sensation l’année dernière : après un premier essai raté sur l’île Seguin, François Pinault allait finalement investir Paris… C’est au cœur de la capitale, et plus précisément à la Bourse de commerce que la Fondation ouvrira ses portes dans le quartier central des Halles. Nichée entre les deux monstres culturels que sont le Louvre et le Centre Pompidou, face à la toute récente Canopée, cette zone est en pleine restructuration malgré un statut d’espace à haute valeur patrimoniale. Un détail qui a rendu la mise en place du projet particulièrement délicate…
C’est Tadao Ando qui a été choisi pour mener à bien ce chantier faramineux, qui entremêle ancien et moderne. Déjà sollicité pour la Punta della Dogana et le Palazzo Grassi, les deux autres écrins de la collection Pinault à Venise, le starchitecte japonais a défendu son projet lors d’une conférence de presse le 26 juin au sein même de la Bourse de commerce. Une manière de laisser voir l’aspect originel du lieu et de prendre la mesure de la complexité des travaux attendus. Edifiée en 1812, la magnifique verrière nervurée de fonte de fer qui surplombe la coupole est le clou du patrimoine de la Bourse de Commerce ! Elle sera intégrée dans le projet de rénovation ainsi que la fresque peinte qu’elle surmonte, des œuvres protégées avec lesquelles Tadao Ando devra composer…
L’idée d’Ando tient dans la répétition de cette forme circulaire, quasiment unique à Paris, que l’architecte scande en insérant à l’intérieur de la cour centrale un anneau cylindrique de béton haut de 9 mètres. Ce futur espace d’exposition sera dédié aux œuvres les plus volumineuses. Dans les espaces latéraux de la rotonde, des galeries courbes entièrement destinées à l’art contemporain s’étageront sur trois niveaux. Un auditorium doit aussi être aménagé au sous-sol et un restaurant ouvrira au 3e étage.
« Mon intention est de faire s’enchaîner avec force des séquences d’espaces très variés découlant de la combinaison de la rotonde et du cylindre. L’espace existant et le nouveau créent un lieu plein de vie, apte à porter la bannière de la culture urbaine des générations à venir. » Tadao Ando
Une équipe de choc porte cette ambitieuse aventure : la jeune agence d’architecture NeM (Lucie Niney et Thibault Marca) a été désignée pour assister Tadao Ando dans la conception intérieure. L’architecte en chef des Monuments Historiques Pierre-Antoine Gatier veille lui à la conservation du patrimoine de ce bâtiment : « Le projet, explique-t-il, poursuit cette histoire architecturale en conservant la mémoire de l’édifice historique et en apportant une intervention contemporaine en dialogue. »
Cet énième (et enthousiasmant) projet de fondation d’art devrait être achevé fin 2018 et ouvrir ses portes et ses 3 000 m2 d’espaces d’exposition au public début 2019… Patience !