Installée à Kassel, au centre de l’Allemagne, depuis 1955, la 14e édition de la manifestation quinquennale documenta vient d’ouvrir ses portes. Elle se déroule pendant 100 jours (soit jusqu’au 17 septembre prochain) sous la direction artistique du curateur polonais Adam Szymczyk. Son titre : Learning from Athens. Car pour la première fois, elle a ouvert aussi ses portes dans la capitale grecque.
Considérée comme l’une des plus importantes manifestations d’art contemporain au monde, elle met en avant l’Europe en soulignant ses divergences et ses tensions autour de l’axe Nord/Sud. A Kassel, l’évènement présente le travail de 160 artistes internationaux, exposé dans 40 lieux à travers la ville.
C’est à l’intérieur du Ballhaus, monument construit en 1808 comme théâtre de Cour sous le règne de Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon, que va avoir lieu la projection de l’œuvre de Narimane Mari Le Fort des Fous. Composé de plusieurs partitions, ce long-métrage est une fiction qui s’appuie sur des faits historiques : l’histoire coloniale de 1830 à nos jours.
L’artiste a fait appel à la designer Stéphanie Marin pour concevoir la scénographie : à l’intérieur de la magnifique salle de bal ornée de superbes peintures murales, un « mobilier paysage » composé d’une multitude de coussins superposés. C’est une structure qui évoque une barricade (c’est ainsi d’ailleurs que la designer a nommé sa création…).
Les visiteurs s’y installent afin de suivre le film projeté. Ils sont invités à s’approprier le mobilier, avec la liberté de se déplacer ; le décor tout entier invite le corps à s’installer confortablement dans l’espace et le guide vers un voyage intérieur. Le lieu devient, ainsi, théâtre d’expériences. Le travail de Stéphanie Marin porte sur la relation au corps, à l’émotion, à l’espace et à la lumière. Toujours tournée vers la recherche fonctionnelle et esthétique, ses collections sont distribuées dans plus de 150 pays.
On retrouve ses créations dans plusieurs musées en France et à l’étranger, comme au Mak de Vienne, à la Cité radieuse à Marseille, au Malmö Muser en Suède, au Ciam à Andorre, au Palais de Tokyo à Paris, au Mamac et Villa Arson à Nice et au Pavillon français lors de la dernière Biennale d’art contemporain à Venise.