Brexit ou pas, les Britanniques n’ont rien perdu de leur excentricité. Jusqu’en octobre dernier, en descendant de l’Eurostar, on pouvait se baigner dans un étang sans chlore au milieu des grues et des marteaux-piqueurs. Une piscine ? Non, une œuvre d’art temporaire ! Of Soil and Water: King’s Cross Pond Club, installée par le studio d’architecture Ooze et l’artiste slovène Marjetica Potrc, invitait le public à réfléchir sur les interactions entre nature et ville. Un projet plein de sens ici et commandé par le promoteur privé Argent (sic), à la tête de la revitalisation du quartier de King’s Cross. Fini les rues louches, les boîtes de nuit lugubres et la prostitution triste d’hier. L’arrivée de l’Eurostar à la gare St. Pancras International a sonné le glas de cette zone peu fréquentable. Désormais, grâce à une flopée de bars et de restaurants trendy déjà installés, c’est the place to be malgré le bruit et la poussière du gigantesque chantier.
Les secrets du promoteur ? Des palissades qui invitent d’emblée la forêt en ville. Ensuite, les espaces publics : la (fausse) pelouse sur les marches donnant sur le canal, une fontaine musicale et des installations artistiques, dont celle, en cours, de 30 000 réflecteurs de l’artiste Rana Begum. Le projet s’étend sur 270 000 m2 et couvre 50 nouveaux bâtiments de bureaux (Louis Vuitton, Google, Universal Music…), logements et commerces. Déjà, la University of the Arts London et le Central Saint Martins College of Art and Design ont posé leurs crayons dans un ancien entrepôt rénové. « L’école devait donner le ton au quartier, avance Nick Searl, l’un des associés d’Argent. Avec l’université, c’est 4 500 créatifs qui vont et viennent tous les jours… et qui ne vieillissent pas. Le quartier garde son esprit innovant. » Et ça marche !