Que présentez-vous cette année au Salon du Meuble de Milan ?
D’abord un nouveau projet de mobilier très intéressant pour Moooi. C’est ma toute première collaboration avec Marcel Wanders (designer et fondateur de cet éditeur néerlandais, NDLR).
Comment avez-vous rencontré Marcel Wanders ?
Je connais Marcel depuis si longtemps… J’ai toujours eu de très bons rapports avec lui. Il m’a plusieurs fois demandé de lui proposer toute idée de projet intéressante pour Moooi. Cela me trottait dans la tête depuis longtemps. Mais Moooi est tellement le royaume de Marcel que j’essayais d’abord de mettre au point ce que je pouvais apporter de cohérent à son univers.
Coller à l’esprit Moooi en restant fidèle à ce que vous êtes, c’est une double difficulté…
Oui, vu le type de design que je conçois, plutôt sobre, ce n’est pas tout de suite évident de trouver quoi faire quand on se met à travailler pour une compagnie à l’image aussi forte que celle de Moooi. Il a fallu dessiner un projet qui me ressemble mais qui soit aussi un produit commercial. Après trois ans de tergiversations, j’ai finalement envoyé des dessins à Marcel. Il a répondu : « « Wow ! C’est exactement ce dont nous avons besoin. » Depuis un an, nous développons donc le projet qui sera présenté à Milan. Je pense qu’il est très au point !
Quels autres projets présenterez-vous à Milan ?
Je présente plusieurs projets cette année à Milan, notamment une chaise longue pour Artifort. J’en suis très fier ! C’est la toute première fois que cet éditeur hollandais collabore avec un designer italien. C’est bon pour mon ego ! J’ai toujours trouvé qu’Artifort faisait partie des compagnies qui ont littéralement fait l’image du design moderne. Avoir la possibilité de s’inscrire dans cette lignée est une très belle aventure.
Il y a aussi cette nouvelle chaise destinée aux espaces publics chez Fornasarig, un éditeur avec lequel vous avez déjà travaillé…
C’est une belle histoire… Ils voulaient d’abord une assise en coque de contreplaqué courbé, sauf que le marché en est saturé. Il en existe des milliers ! Je me demandais vraiment ce que j’allais faire, et puis en lisant un vieux livre sur Bruno Munari (designer et sculpteur italien, 1907-1998, NDLR), je suis tombé sur cette phrase : « La forme parfaite, c’est celle de l’œuf… » (La citation complète se termine par « même si elle faite par le cul, NDLR). J’ai couru dans ma cuisine en prendre un. J’ai dessiné sa forme sur une feuille et je l’ai pliée. L’assise et le dossier de la chaise correspondaient à la base et au sommet de l’œuf. J’ai trouvé ça intéressant. Bien sûr, c’est un stéréotype de typologie. Mais c’est en même temps une forme un peu différente quand l’avant de la chaise est plus étroit. Une fois tout ça développé, nous voilà prêt pour lancer à Milan toute une famille de chaises.
Avez-vous d’autres clients que des éditeurs de mobilier ?
Oui, bien sûr ! J’ai aussi un projet pour Pure Leaf, une des marques de Pepsico qui produit du thé bio. Pour eux, j’ai mis au point un set de dégustation de thé glacé qui en fait un rituel. Dans ces cas-là, on pense fatalement aux influences japonaises et chinoises…
Quoi d’autre pour le Salon de Milan ?
Un projet avec le verrier Salviati chez qui j’ai produit mon tout premier projet. C’est une collaboration avec Ben Gorham (fondateur des parfums Byredo, NDLR). J’avais déjà travaillé avec lui en 2015 pour le parfum « Ombre delle 5 » avec son flacon aux couleurs changeantes. Cette année, ce n’est pas moi qui rentre dans l’univers de Ben mais le contraire.
Tant de projets menés de front, c’est l’exception milanaise ou la routine ?
Ce n’est pas tellement le nombre de projets qui compte, mais leur importance. L’installation dont je vous parle se déploie par exemple sur 700 m2 !
Les éditeurs français s’intéressent-ils à vous ?
J’ai justement un projet avec Samuel et Charles Coriat de Coédition : un sofa et un fauteuil. J’ai également dessiné leur stand à Milan. Tout cela fait que je serai très occupé durant le salon ! Vous savez, pour un designer, il est difficile d’obtenir un certain niveau de reconnaissance. Mais le plus dur, c’est de s’y maintenir !