Puisque les crèmes d’Aesop misent sur la poursuite du bien-être sans vaine promesse de rajeunir la peau, il fallait réussir un lieu adéquat pour la nouvelle adresse parisienne. Car prendre rendez-vous pour se faire masser le visage dans un lieu clinique aurait juré avec l’architecture intérieure des boutiques qui se singularisent généralement par un parti-pris affirmé en termes d’architecture intérieure. Pour autant, nul besoin d’un lieu trop « mode », les fans d’Aesop étant déjà accros aussi bien à l’odeur qu’au packaging des produits.
Jean-Philippe Bonnefoi, architecte chez Aesop et le studio « Paulin, Paulin, Paulin » ont travaillé sur le septième lieu de ce genre dans le monde. Les clients du studio du designer français Pierre Paulin (1927-2009) collaborent désormais avec sa veuve, Maïa Wodzislawska, et leur fils Benjamin. Grâce à leur culture vécue du monde du designer, les éditions et rééditions de son mobilier se poursuivent comme il le souhaitait, avec soin et exigence.
Jean-Philippe Bonnefoi pressentait que la rigueur de formes du mobilier de Paulin pouvait structurer l’espace. Aesop et « Paulin, Paulin, Paulin » se sont donc rencontrés, raconte Benjamin, un jour où ce dernier a découvert à travers la vitrine d’une boutique Aesop un siège vintage dessiné par son père. Il n’était pas là par hasard, c’était un choix. « Pour Aesop, nous avons imaginé un lieu qui vous fait oublier le flux du temps et qui nécessite un mobilier intemporel », résume-t-il.
La porte s’ouvre sur une enfilade de trois pièces. Le visiteur – un seul à la fois – se déconnecte en se déchaussant. Votre premier hôte vous enlève votre manteau pendant que vous admirez le bureau Tanis de Pierre Paulin (Ligne Roset). Jean-Philippe Bonnefoi n’a pas travaillé d’après un plan préconçu. Tout s’est fait in situ avec le mobilier ou les luminaires, dont de nombreuses appliques vintage.
De la moquette aux murs, les couleurs se répondent dans des tons allant du brun chaud à l’étoupe. Les fenêtres sont occultées par une élégante paroi de 120 panneaux de cire qui filtrent subtilement la lumière. Le visiteur pénètre ensuite dans le salon. Là, infusion à la main, assis sur le canapé Osaka (La Cividina), on répond à différentes questions pour cerner le type de soins nécessaire.
On se croirait vraiment dans un salon. La table Elysée et des lampes vintage du même projet ainsi que les fauteuils Little Globe (Artifort) rappellent sans nostalgie l’époque où les « tendances » naissaient sous les ors de la République. S’il doit être réservé à l’avance, un « Rendez-vous d’Aesop » vous réserve tout l’espace, comme si une esthéticienne venait à la maison. On a déjà été plus malheureux…