Revisiter les classiques, c’est dans l’air du temps. Considéré comme l’un des 100 « artistes » les plus importants de notre époque par le magazineTime, Jaime Hayón ne s’en est jamais privé, lui qui a offert, entre autres, un nouveau look de bande dessinée à la Lounge Chair des Eames avec sa Lounger de la collection « Showtime » (BD Barcelona). Quand le génie farceur d’origine espagnole décide donc de s’attaquer à un monument du design et de l’architecture comme Josef Hoffmann, cofondateur du mouvement de la Sécession viennoise, certains ont frémi. « Il ne faut pas oublier qu’Hoffmann était un pionnier qui a apporté beaucoup de fantaisie dans les intérieurs du début du XXe siècle », tempère Hartmut Roehrig, dirigeant de Wittmann, la société autrichienne qui a racheté, dès les années 70, les droits de ce mobilier à la simplicité géométrique révolutionnaire et qu’elle édite depuis.
C’est donc sereinement que la collection « Wittmann Hayón Workshop » a été présentée, à l’occasion du 120e anniversaire de l’entreprise, à Vienne. Elle se compose, entre autres, d’un long canapé et d’un fauteuil assorti – dont les formes enveloppantes et les coutures verticales rappellent certaines assises d’Hoffmann (le Club 1910, par exemple) –, d’un fauteuil à oreilles flanqué d’accoudoirs en bois tourné et de tables basses rondes où se superposent le marbre, le métal et le cuir, spécialité de la maison Wittmann qui était, à l’origine, un sellier.
Et la fantaisie, alors ? On la retrouve surtout dans les lignes improbables d’objets hybrides, à la fois sculptures à déplacer et bouts de canapés : « Le talent de Jaime Hayón consiste à en faire un peu trop, exactement comme Josef Hoffmann », explique à ce propos Hartmut Roehrig qui confirme que la collaboration entre Wittmann et le designer espagnol ne va pas s’arrêter là. Une affaire à suivre…