L’une des influences principales de Rafael de Cárdenas provient d’une certaine nostalgie de son enfance new-yorkaise. « J’aime les films qui parlent de la ville dans les années 70 et 80, déclare-t-il. Elle avait un esprit dur et effronté. » Son design pour le restaurant Asia de Cuba dans l’East Village, par exemple, n’est pas sans lui rappeler un salon de thé russe qu’il fréquentait avec son père dans sa jeunesse.
Cárdenas n’a jamais eu l’intention de devenir architecte d’intérieur. « Je suis moins intéressé par le design et l’architecture que par le comportement humain », avoue-t-il. À l’origine, il a étudié la mode à la Rhode Island School of Design, puis a fait un passage chez Calvin Klein, où il dessinait pour les collections homme. Ensuite, il est retourné à l’université pour passer un diplôme d’architecture et a travaillé avec l’architecte californien Greg Lynn sur le concours du nouveau World Trade Center.
C’est une amie qui le fait entrer dans le monde de la décoration, lorsqu’elle lui demande de concevoir sa nouvelle boutique de soins de beauté, Pharma, dans le Lower East Side. « J’ai accepté parce que c’est toujours passionnant de faire des choses qu’on ne sait pas faire », affirme-t-il. Peu de temps après, il a refait un appartement pour la comédienne Parker Posey et a fini par fonder sa propre agence, Architecture at Large, en 2006.
Depuis, il compte à son actif des résidences privées à New York et à Londres, la boutique Baccarat sur Madison Avenue, les départements mode du grand magasin historique Au Pont Rouge, à Saint-Pétersbourg en Russie, et la toute nouvelle galerie Demisch Danant, spécialisée dans le design du XXe siècle, à Manhattan.
Les inspirations de Cárdenas sont diverses. Il adore l’émission de téléréalité « RuPaul’s Drag Race », qui a pour but d’élire la meilleure drag-queen entre une douzaine de prétendantes, et proclame en même temps que Mad Max : Fury Road est « l’un des plus grands films de notre temps ». Il admire également le travail d’Ettore Sottsass, de Rem Koolhaas et d’Adolf Loos.
Depuis toujours, Cárdenas est obsédé par ce qui devient « branché », « la manière dont les goûts évoluent », dit-il. Son esthétique change d’un projet à l’autre, même si tous affichent des traits communs : il emploie souvent des couleurs vives, des formes géométriques et des lignes précises. Les décors qu’il imagine ont, avant tout, une originalité et un esprit presque théâtral. « Provoquer un impact visuel est important, concède-t-il. C’est ce vers quoi je tends toujours. »
Dans ses cartons, actuellement, il y a la publication d’un livre en 2017 et trois nouveaux bâtiments pour lesquels il se charge à la fois de la décoration et de l’architecture : une maison en Angleterre, une fondation d’art à Brooklyn et une résidence privée à Seattle. « Ce qui m’intéresse surtout, c’est comment on se sent dans un espace, raconte-t-il. Pendant mon enfance, je disais que je voulais réaliser des clips. J’estime que mon travail aujourd’hui présente certaines similitudes avec ce type de création. J’aime inventer des atmosphères, comme on le ferait dans une œuvre cinématographique. » Pour chacun de ces lieux, on peut être sûr qu’il s’efforcera de créer une ambiance bien particulière.