Construite en 1957 au nord de Téhéran, la villa Namazee de Gio Ponti (1891-1979) pourrait disparaître sous les coups de bulldozers. Son actuel propriétaire souhaite en effet la remplacer par un hôtel cinq étoiles de vingt étages. Le conseil municipal de la ville a pour l’instant réussi à annuler le permis de construire du nouveau projet mais la villa n’étant pas classée au patrimoine national, sa destruction demeure possible…
Petite sœur de la Villa Panchart et de la Villa Arreaza, respectivement construites en 1955 et 1956 au Venezuela, la Villa Namazee vise, elle aussi, à incarner le concept de « joie d’y vivre » théorisé par l’architecte : en plus d’accueillir une fonction précise, chaque édifice doit d’après lui posséder une valeur esthétique. Les architectures intérieure et extérieure sont alors conçues comme un véritable spectacle…
Au centre de la villa, une pièce à vivre en double hauteur connecte les espaces de réception du rez-de-chaussée et l’étage réservé aux chambres. L’utilisation de parois coulissantes et de murs ajourés crée des perspectives et des vues traversantes qui mettent en scène les différentes « pièces » et le quotidien de la famille. Une richesse visuelle qui se poursuit à l’extérieur grâce au patio habillé d’ouvertures à géométrie variable et de nombreuses pièces de Fausto Melotti qui témoignent des débuts de l’architecte en tant que directeur artistique au sein de la firme italienne de céramique Richard Ginori.
Architecte, écrivain, peintre, poète et professeur, Gio Ponti envisageait l’architecture comme un art global, dépassant le domaine de la construction, en s’attachant aux détails du mobilier, des luminaires ou même de l’argenterie. Un intérêt pour l’art de vivre qu’il exprimait également au sein du magazine Domus, dédié à l’architecture, à l’art et au design, qu’il fonda en 1928.
Seule une acquisition par la municipalité de Téhéran pourrait désormais sauver la villa. Une décision qui a a priori peu de chances de se produire d’après les témoignages recueillis sur place… En réaction, de nombreux architectes du pays, comme Leila Araghian, qui a conçu le Tarbiat Bridge à Téhéran, lancent actuellement une campagne destinée à sauver l’édifice.