Editeur de la Superleggera depuis l’origine, Cassina a demandé au jeune designer néerlandais Bertjan Pot d’adapter son motif Boxblocks à cette icône. Son tissu multicolore, qui recouvre l’assise, s’inspire des formes du modernisme mais dans une version technologique grâce à un jacquard qui produit des combinaisons de triangles qui ne se répètent jamais. « Quand on parle de motifs, généralement il y en a de deux types : ceux qui respectent le produit et améliorent sa forme (comme les rayures et les écossais), et ceux qui traversent les coutures et transforment la forme réelle (les zébrures, les grandes impressions florales…). Boxblocks combine les deux ! », plaide Bertjan Pot qui a récemment fait subir le même traitement au fauteuil Utrecht de Gerrit Rietveld.
Retour sur l’histoire de cette icône. En 1957, Gio Ponti (1891-1979) est au sommet de son art. Le maestro italien vient de débuter la construction à Milan de la tour Pirelli, son chef-d’œuvre architectural. Côté design, il livre ce qui restera sans doute comme son meuble le plus abouti : la chaise Superleggera. Ne vous fiez pas à son allure basique : une structure de frêne réduite à l’essentiel associée à une assise en cannage, à l’époque cette chaise est révolutionnaire !
Pour concevoir la Superleggera, Gio Ponti est parti d’un archétype du design italien, la chaise Chiavaro, fabriquée depuis 1807 d’après un modèle français, et a décidé de l’alléger au maximum. Les pièces de bois sont hyper profilées et s’emboîtent grâce à un système astucieux sans clou ni vis. A sa sortie en 1957, la chaise devient la plus légère du monde avec seulement 1,7 kg sur la balance. Sur les images de promotion, on voit un enfant la soulever d’un seul doigt !
Et à ceux qui doutent de sa solidité, Gio Ponti propose un crash-test imparable : il lâche une de ses chaises par la fenêtre du quatrième étage d’un immeuble. Dix mètres plus bas, la Superleggera était intacte… et une légende était née !