Tout le monde connaît Sella et Mezzadro, une selle de vélo et un siège de tracteur transformés en tabourets, l’élégant lampadaire Arco et le proto-industriel Toio (un phare de voiture sur pied), ou encore la ludique lampe Snoopy. La liste est longue. Mais ce serait sous-estimer le talent et la productivité d’Achille Castiglioni que de penser que son œuvre se résume à ces ready-made iconiques !
Quand il visite pour la première fois l’ancien studio milanais du designer, qui accueille maintenant la fondation qui porte son nom, l’éditeur danois Christian Elving découvre une autre facette de ce travail : des étagères et des accessoires de rangement au design si simple qu’il en relève du génie, ainsi que du mobilier conçu pour occuper l’espace dans les angles, ce qui se faisait peu à l’époque. Un trésor aux yeux de ce passionné : « Je suis immédiatement tombé amoureux de ces pièces fonctionnelles méconnues et intemporelles », raconte Elving, qui demande immédiatement aux ayants droit de Castiglioni de rééditer lui-même quatre créations dans le cadre du lancement de sa nouvelle maison d’édition, Karakter Copenhagen. Marché conclu !
Avec l’autorisation de la fondation, certains matériaux et finitions sont adaptés au savoir-faire de l’ébéniste embauché par Elving. Noir ou chêne, par exemple, pour les étagères Wire Book Case, une idée développée en 1957 avec la collaboration de Pier Giacomo Castiglioni, le frère aîné : quatre planches suspendues au mur grâce à un seul point d’attache et basta !
Mêmes finitions pour la boîte de rangement sur pied Comodo, présentée encore en duo, avec Giancarlo Pozzi cette fois, en 1991, tout comme le petit meuble d’angle Trio. C’est seul, en revanche, que le maestro signera, à la même époque, la magnifique bibliothèque Lungagolo, éditée à l’origine par la firme italienne Bernini. Ou l’union de deux monstres sacrés : l’artisanat danois et la signature inimitable d’Achille Castiglioni. Redoutable !