A la (re)découverte d'Osvaldo Borsani

Osvaldo Borsani (1911-1985), fondateur de Tecno, doit retrouver sa place dans l’histoire du design ! Ce précurseur de génie a cultivé, sa vie durant, un univers passionnant sur un terreau semé de qualité et de modernité.

Rien de tel que le portemanteau AT 16 (Tecno, 1961) pour capter la modernité si personnelle de l’architecte-designer italien Osvaldo Borsani. Ce tube d’aluminium tendu de cuir noir relie sol et plafond. Les patères ? Des sphères en hêtre massif fixées sur des tiges d’acier. Jeter son manteau sur ces satellites suspendus reste d’une élégance inouïe ! L’élégance, Osvaldo Borsani l’a cultivée toute sa vie. Certes moins connu que les frères Castiglioni, il est à (re)découvrir.

Le fameux portemanteau « AT 16 », élégant et d’une modernité absolue.
Le fameux portemanteau « AT 16 », élégant et d’une modernité absolue. DR

Avant ses études d’architecture au Politecnico de Milan, le jeune Osvaldo est déjà designer. Ses parents, Gaetano et Maria, possèdent alors à Varedo, au nord de Milan, l’ébénisterie Atelier Varedo, du mobilier de haute couture d’influence Art déco. En 1933, à la Ve Triennale de Milan, Osvaldo, 22 ans, reçoit une médaille d’argent pour sa Casa Minima, une maison du futur. Osvaldo a un jumeau, Fulgencio. Leurs amis distinguent Osvaldo en l’appelant « l’Americano », à cause de ses idées novatrices. À partir de 1939, Osvaldo mène le chantier de la nouvelle villa familiale : marbre vert encadrant les portes, cheminée de l’artiste Lucio Fontana et luminaires de Guglielmo Ulrich, c’est un lieu d’exception.

La chauffeuse « P40 » (1955) est réglable en 30 positions différentes, la rendant très pratique et confortable.
La chauffeuse « P40 » (1955) est réglable en 30 positions différentes, la rendant très pratique et confortable. DR

Les Borsani fondent Tecno en 1953. Valeria, la fille d’Osvaldo, et son mari Marco Fantoni les rejoignent. Ils sont tous architectes. Les icônes pleuvent. Dès 1954, le sofa D70 enflamme la Xe Triennale de Milan. Tecno sort l’année suivante la chaise longue P40, une sorte de LC4 en plus articulée et plus confortable. En 1956, Osvaldo fait sensation avec le fauteuil P32, qui tourne en se remettant droit tout seul. En 1968, Borsani et l’architecte Eugenio Gerli, un fidèle de Tecno – quand un projet clochait, les jumeaux se disaient : « Donnons-le à Gerli ! » –, font un carton avec Graphis, système de bureau annonçant déjà les Bouroullec chez Vitra. En 1980, Borsani et Gerli, inoxydables, installaient un dôme de verre sur la terrasse d’un palais à Riyad, en Arabie saoudite… Osvaldo Borsani, c’est vraiment le moderniste de la culture classique. Son petit-fils, l’architecte Tommaso Fantoni, est du même tonneau. Avec sa mère et son cousin Federico, ils entretiennent la mémoire d’Osvaldo. La villa Borsani, qui abrite aussi ses archives, se visite sur demande. Les héritiers de sa mémoire ont de la chance. On croise son univers une fois, on ne l’oublie pas.

Villa Borsani. Visite sur rendez-vous.
www.osvaldoborsani.com

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