En parfaite résonance avec la thématique de la XVe Biennale d’architecture de Venise : « Reporting from the front » (nouvelles du front), le lit de camp s’est invité ces derniers mois dans les nouvelles boutiques de design. Elles affichaient leur détermination à proposer une sélection plus confidentielle et artisanale que celle des enseignes d’équipement de plein air.
Au Carré du Globe, à Toulon, comme à la Trésorerie, à Paris, le sobre et élégant modèle OGK, en hêtre, lin et sisal, d’Ole Gjerløv-Knudsen, fait ainsi figure de guest-star. Le designer danois l’avait dessiné en 1962, avec une finesse toute scandinave, pour son fils qui partait camper. « Parfait également au bord d’une piscine » juge Marion Riva, la propriétaire du Carré du Globe, qui, dans une première vie, a ciselé son œil sur les tournages de cinéma. Souvent détourné en lit de repos ou d’appoint par les architectes d’intérieur qui voient en lui une parfaite alternative bon marché aux banquettes fifties de nouveau si désirables, le lit de camp a eu au fil des ans et des méridiens sans doute autant d’inventeurs éclairés que de proximités avec les champs de bataille ou les bases arrière des explorateurs.
Mais quelles que soient les latitudes sous lesquelles ce modeste meuble pliant à structure légère a été installé en un tour de main, il s’est révélé être un des plus précieux alliés du sommeil nomade. À tel point que le classique lit pliant militaire français, breveté en 1877, a eu droit en 1952 à un adoubement littéraire par Louis-Ferdinand Céline : « Imaginez !… et moi grelottant dans ma case, de fièvre, de tierce-quarte… secouant du “Picot”… Vous connaissez pas le lit “Picot” ?… le “Picot”, le lit colonial qui nous a valu des Empires ?… […] c’est tout en petites tringles et qui tintent !… » Il ne nous reste qu’à rêver de repartir en vacances… sur un lit de camp, pour relire Féerie pour une autre fois.