Cette année, la ville de Poitiers lance le Miroir, un projet culturel qui jette autant une passerelle entre les arts qu’entre différents profils de créateurs. Les atypiques sont les bienvenus. L’ambition du miroir est de refléter les formes de création contemporaine les plus diverses. Une attention particulière est apportée au design et aux arts décoratifs. La mode, l’artisanat, le graphisme, la bande dessinée, la photo et la vidéo font aussi partie des domaines qui continueront à donner lieu à des expositions. Elles seront organisées aussi bien avec des institutions qu’avec des historiens ou des curateurs indépendants.
A suivre également, l’actualité de la Maison de l’architecture de Poitou Charentes, installé dans le centre de Poitiers. Deux expositions à ne pas manquer non plus dans le cadre du projet Fondations. D’abord, jusqu’au 20 novembre, les œuvres du F.R.A.C des pays de Loire s’exposent parmi les collections archéologiques du musée Sainte-Croix. L’exposition s’intitule -12000 à 2016. Le parcours est fait maison. Si Pascal Faracci, directeur des musées de Poitiers et Jean-Luc Dorchies, directeur du Miroir assure la direction artistique du parcours, c’est Laurence Gateau qui en est la commissaire d’exposition. On lui fait confiance les yeux fermés. Au début des années 90, elle dirigeait avec beaucoup d’empathie pour le public local voire rural, le Creux de l’Enfer. A Thiers, en Auvergne, ce centre d’art est installé dans une ancienne coutellerie. Il n’était alors pas utopique de penser qu’on pouvait descendre de son tracteur plus tôt pour assister à un vernissage d’Alain Séchas. La double exposition Fondations tisse un fil sans fin à travers l’histoire de l’art. Elle provoque des frictions entre les oeuvres voire avec le bâtiment de 1974.
Deuxième volet de Fondations, l’exposition de l’artiste Raphaël Zarka. Jusqu’au 28 août, ’artiste s’est intéressé au module de Schönflies, mathématicien allemand (1853-1928). A partir de cette étude, il a mis à jour ces volumes architecturaux en chêne qui s’imbriquent jusqu’à former des reliefs propices aux acrobaties de skateurs. Pris en photo sur le vif, la captation de ces instantanés est présenté en contrepoint de la sculpturale piste de skating.
Sur fond d’architecture brutaliste, cette œuvre en usage pose question, notamment celle de l’art et dudit usage ou de l’espace et du mouvement. Très calmement, se pose aussi la question de la crédibilité. Une autre exposition vient confirmer la volonté d’ouverture de la dream team culturelle qui a la main en ce moment à Poitiers. Le petit théâtre de la démesure d’Antoine Platteau est une exposition de faux modeste.
A Poitiers, dans la chapelle Saint-Louis du collège Henri IV, l’ex-décorateur de cinéma Antoine Platteau expose son Petit théâtre de la démesure, composé de ses décors conçus chaque saison depuis deux ans pour les 12 vitrines parisiennes d’Hermès, rue du Faubourg Saint-Honoré. Le recours aux créateurs de tout ordre, artisans et artistes est constant pour ces vitrines, comme pour un spectacle de rue. A Poitiers, 32 personnes ont travaillé à l’exposition sous la houlette de Jean-Luc Dorchies, directeur des Beaux-Arts, Ecole d’arts plastiques de Poitiers. La scénographie, elle, a été confiée au jeune designer Goliath Dyèvre. L’exposition rappelle toute la place de la vitrine dans la vie quotidienne. C’est l’une des plus prestigieuses, vue des visiteurs du monde entier, qui ne donne que très peu ce sentiment de frustration qui peut coller à l’expression « acheter avec les yeux » On parle au fond dans le cas de ces trois expositions de Poitiers comme lieu d’accès libre à la rareté. Que de bonnes raisons d’aller à Poitiers.