Le célèbre fondateur de Vente-privee, Jacques-Antoine Granjon, n’a jamais fait de publicité et le revendique. Mais, parce qu’il faut tout de même être vu, il envisage les bâtiments de l’entreprise comme des armes de communication massive : « Leur architecture doit interpeller et être immédiatement associée à la marque. » Dont acte. Pour son sixième bâtiment, inauguré en janvier, le truculent patron a frappé fort en rachetant un immeuble des années 80 devenu obsolète. Si l’édifice nécessitait une réhabilitation lourde, son emplacement stratégique n’a pas échappé au P-DG : posté au pied de l’autoroute, face au Stade de France, le Vérone – c’est son nom – voit défiler chaque jour 350 000 véhicules sous ses fenêtres. Et autant de clients potentiels.
La rénovation en a été confiée à Jean-Michel Wilmotte, qui a misé sur une esthétique industrielle et sophistiquée, marque de fabrique de l’agence. Le béton brut y côtoie les moquettes façon point de Hongrie et les escaliers en marbre ; les chemins des câbles sont apparents tandis que les luminaires ont été spécifiquement dessinés pour le projet. Et l’on retrouve, distillé par touches, le rose fluo emblématique de la marque.
Pour faire de ce bâtiment un événement, la conception de sa façade principale a été confiée à l’artiste italien Pucci de Rossi (1947-2013). Elle prend la forme d’une résille monumentale en béton fibré qui se pare de rose à la nuit tombée grâce à 1 950 points de LED. Intégré à cette résille, un écran haute définition de 102 m² : le plus grand d’Europe ! Panneau publicitaire ? Que nenni ! « Un espace de liberté et de poésie, support de création numérique et artistique », assure-t-on chez Vente-privée.
Témoin du dynamisme économique de l’entreprise, cette implantation est enfin une façon pour Jacques-Antoine Granjon d’affirmer à nouveau son engagement envers un territoire mal aimé et stigmatisé qu’il n’a jamais quitté.