Road-trip en Ecosse et aux Hébrides

Au départ de Glasgow, ville en plein renouveau, une succession de routes tortueuses et de ferries de toutes tailles nous a emmenés à la découverte de l’archipel des Hébrides, des îles entre ciel et mer où l’homme et la nature ont rivalisé d’imagination pour y créer une atmosphère étrange et pénétrante.

 

Jours 1 & 2 : Glasgow

À peine arrivés à l’hôtel, notre regard est attiré par une porte décorée de carreaux. Voici la première trace du plus célèbre des architectes écossais : Charles Rennie Mackintosh (1868-1928). Elle signale l’entrée de la Glasgow Society of Lady Artists, à laquelle appartint sa femme. Il la rencontra non loin de là, à la Glasgow School of Art, devenue son manifeste Art nouveau (1897). Fermée depuis l’incendie de mai 2014, sa réouverture n’est pas prévue avant 2018… Ironie du sort, le feu se déclara quelques jours avant l’inauguration de la nouvelle School of Art, un bâtiment réalisé par l’Américain Steven Holl. En hommage à Mackintosh, Holl a dessiné d’immenses puits verticaux, de larges baies vitrées au nord et des fenêtres teintées au sud qui apportent trois lumières différentes.
Enrichie avec le commerce du tabac, ruinée par la guer­re d’Indépendance, Glasgow rebondit grâce à ses chantiers navals. Pour équiper les paquebots qui en sortent, la ville manque d’artisans et décorateurs. Elle crée donc sa première école d’art en 1845. C’est aussi l’époque où les riches familles d’armateurs se constituent les collections que l’on admire à la Kelvingrove Art Gallery et à la Burrell Collection. Pendant la crise des années 80, c’est dans ces musées que les habitants se réchauffaient tout en cultivant leur côté créatif. Aujourd’hui, Glasgow accueille nombre d’artistes, comme en témoignent les fresques qui parsèment la ville, et produit des groupes comme Franz Ferdinand ou Belle & Sebastian.

Les façades de Buchanan Street, l’artère commerçante de Glasgow.
Les façades de Buchanan Street, l’artère commerçante de Glasgow. Antoine Lorgnier
Le designer et architecte Charles Rennie Mackintosh (1868-1928) est bien entendu la star des musées locaux…
Le designer et architecte Charles Rennie Mackintosh (1868-1928) est bien entendu la star des musées locaux…

Jours 3 & 4 : L’île d’Arran

Du port d’Ardrossan à celui de Brodick, sur Arran, il faut une heure de navigation en compagnie des fous de Bassan. Avec ses châteaux bordés de jardins tirés à quatre épingles (Brodick Castle), ses ruines sombres en bord de mer (Lochranza Castle), ses mégalithes mystérieux (Machrie Moor), ses rou­tes étroites et tortueuses (Ross Road), ses cottages proprets (Lamlash), ses golfs livrés au vent du large (Machrie Bay) et ses légendes venues du fond des temps (Giant Graves), Arran est une belle introduction à ce pays étonnant. Elle possède même sa distillerie de whisky !
La côte Est, à l’abri du vent, propose de belles promenades à l’ombre d’arbres centenaires. Celle qui mène à la cascade de Glenashdale est superbe. Merlin l’Enchanteur pourrait y surgir à tout moment. Au retour, prenez le chemin du haut, moins romantique mais qui offre une vue superbe sur la côte, Whiting Bay et les tombes néolithiques de Giants’ Graves. Le château de Brodick vaut également une visite. Outre ses jardins, le lieu rappelle que l’histoire de l’Écosse fut agitée et que, même sur Arran, qui semble aujourd’hui retirée du temps, guerres et luttes de pouvoir furent le quotidien des habitants des siècles passés.
Plus sauvage, la côte Ouest joue la carte de l’aventure. Pour découvrir les mégalithes de Machrie Moor, il faut s’engager dans une immense lande de bruyères et de joncs, sauter des ruisseaux et pousser quelques moutons. Quatre mille ans avant notre ère, la terre y était fertile et les hommes y dressèrent nombre de pierres pour remercier le soleil et la nature de tant de largesses.

Pierres levées préhistoriques sur l’île d’Arran.
Pierres levées préhistoriques sur l’île d’Arran. Antoine Lorgnier
Paysage de l’île d’Arran.
Paysage de l’île d’Arran. Antoine Lorgnier

 

Jours 5 & 6 : Islay et Jura

L’arrivée sur l’île d’Islay annonce la couleur, celle dorée du whisky. Avant d’atteindre Port Ellen, le ferry passe devant les distilleries de Lagavulin, Arberg et Laphroaig. Islay en compte onze. Elles sont nichées en bordure de mer car l’eau y est d’une grande pureté, la tourbe pour chauffer les alambics abondante et c’est ici qu’arrive l’orge, trois ingrédients indispensables à l’élaboration du « Perfect Dram », le whisky parfait. Lors de la vis­i­te, on nous explique la fabrication sans dé­voiler les se­crets qui font de chaque whisky un élixir singulier.
Mais Islay ne se résume pas aux distilleries. L’île dégage une atmosphère particulière faite de silence et de calme. À Port Charlotte ou Portnahaven, le temps passe sans jamais s’enfuir. On y croise rarement quelqu’un. La lande change de couleur selon les caprices du ciel. La mer n’y est jamais vraiment furieuse, même au pied des dunes des plages de Lobbit et Machir Bay. Au lieu-dit Lord of the Isles, une île abri­te les vestiges de la demeure du seigneur qui, jadis, régnait sur Islay et Ju­ra.
À visiter ce royaume format mouchoir de poche, il est difficile de croire qu’il put un jour faire de l’ombre au puissant roi d’Angleterre qui finit par envoyer ses troupes châtier l’impertinent ! Port Askaig est tout près. Outre ses deux distilleries, on y vient prendre le ferry pour Jura. La route qui mène au seul village de cette île et à la distillerie éponyme traverse une lande parsemée de cerfs d’où émergent les « Paps of Jura », ces montagnes pelées qui culminent à 800 mètres d’altitude.

La distillerie Lacavulin, une des onze de l’île d’Islay.
La distillerie Lacavulin, une des onze de l’île d’Islay. Antoine Lorgnier
Le charmant port du bourg de Portnahaven sur l’île d’Islay.
Le charmant port du bourg de Portnahaven sur l’île d’Islay. Antoine Lorgnier

Jours 6 & 7 : Le parc naturel de Loch Lomond et du Trossachs

Quitter Islay rend toujours un peu nostalgique… Heureusement, le ferry prend tout son temps. La route qui nous ramène vers Édimbourg suit une succession de lochs, vastes et profondes entailles dans lesquelles s’est engouffrée la mer (loch Fyne, loch Long) ou l’eau des torrents (loch Lomond, loch Earn). Le parc national de Loch Lomond protège cette nature sauvage. Ici, pas de gran­des villes mais une succes­sion de villages en bord de lac. Inveraray est le plus touristique grâce à son château, fief de la famille Campbell et qui sert d’écrin à la série Downton Abbey.
Ensuite, la route prend de la hauteur, passe des cols propices à de belles promenades (chutes d’Invers­naid), traverse des forêts majestueuses (Queen Elizabeth Forest) et s’égare vers des lieux improbables (hameaux de Lochgoilhead). Nous partons en croisière sur le loch Lomond, le plus grand d’Écosse. Ici, point de Nessie, juste des aigles pêcheurs, des lou­tres et les « plus belles truites du pays ».
Juste avant d’arriver à Édimbourg, les férus d’histoire s’arrêteront à Stirling. C’est ici que se déroula l’une des plus grandes victoires contre les Anglais. Le National Wallace Monument rend hommage aux exploits des deux héros nationaux : Robert the Bruce et William Wallace, dit « Braveheart »…

Un rappel superflu tant les routes écossaises incitent à la flânerie.
Un rappel superflu tant les routes écossaises incitent à la flânerie. Antoine Lorgnier

Y aller

Ce road-trip s’inspire d’un voyage itinérant proposé par l’agence « Comptoir des Pays Celtes » qui sera adapté sur mesure en fonction de votre budget et de vos envies. Vous pourrez vivre des expériences de voyage uniques et découvrir l’Écosse grâce
à de nombreuses adresses de charme, l’utilisation de transports locaux (ferry), tout en vous laissant assez de liberté pour l’imprévu et la rencontre.
Comptoir des Pays celtes. Tél. : 01 53 10 34 47 et www.comptoir.fr

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